Mélanges de semences : un savoir-faire de longue date

En quoi la France se distingue-t-elle des autres pays de l'Union européenne en termes de mélanges pour les semences fourragères ? Jean Saulue président de la section « Semences fourragères et gazon » de l’Union Française des Semenciers explique les règles mises en œuvre en France sur la base de l’expérience accumulée par l’ensemble de la filière.

En quoi la France se distingue-t-elle des autres pays de l'Union européenne en termes de mélanges pour les semences fourragères ?

« Il existe dans notre pays une réelle expertise qui permet de répondre aux besoins des différentes régions, avec des produits de qualité et adaptés. Cette expérience s'est formalisée en 2004, au terme d'un échange entre les professionnels, par une réglementation spécifique.
A l'initiative du CTPS (1), des experts, des représentants des semenciers, des prescripteurs et des éleveurs ont arrêté des règles claires et partagées pour garantir la qualité des semences et des mélanges. Ceux-ci doivent être à base de variétés inscrites au catalogue européen, testées pour leur valeur fourragère. A chaque nom commercial correspond une composition, garantie par le Soc (Service officiel de contrôle) et par l'engagement des professionnels à respecter les % et composants annoncés. Une variété doit représenter au minimum 5 % du poids du mélange.
Au-delà de cette réglementation, les semenciers se sont fixés des règles de production. Concrètement, un bon mélange assemble au maximum six variétés de la meilleure qualité, inscrites au catalogue français, testées dans nos régions par le réseau du CTPS.

Dans les mélanges actuellement vendus en France 93 % sont de fabrication française. Au terme d'une concertation exemplaire ces efforts se prolongent par une démarche volontaire de bonnes pratiques, par laquelle la prescription s'engage à rappeler à l'utilisateur final les intérêts et les limites de chaque espèce, les bonnes densités pour un semis ni trop dense, ni trop clairsemé afin de tirer le meilleur profit du mélange proposé.»

Peut-on chiffrer la part des mélanges dans le total des ventes de semences fourragères ?

« En moyenne sur les deux dernières années, 45 000 quintaux de mélanges ont été commercialisés en France, soit 20 % du marché. Ce résultat témoigne de la reconnaissance par les éleveurs de l'intérêt d'une offre élaborée pour des régions, des climats, des types de sol, des systèmes d'élevage différents, associant des variétés et parfois des espèces aux caractéristiques complémentaires. La large gamme d’espèces et de variétés testées en France permet de répondre à cette diversité. »

Des mélanges associés à des AOC commencent à être mis en marché.
C'est le cas du Saint Marcellin. Qu'en pensez-vous ?

« Cela illustre parfaitement la capacité d'une filière, dans ce cas précis en Rhône-Alpes, à s'approprier les « plus » apportés par les mélanges. L'offre de semences fourragères est large, et tester les bons mélanges ne s'improvise pas. C'est le métier des établissements producteurs, relayé ensuite par la prescription de l'offre la mieux adaptée à chaque terroir. »

Au BTPL, plus de 30 ans d’expérience des mélanges

Depuis 1972, date de création du Bureau Technique de Promotion Laitière (BTPL), nous nous intéressons aux prairies de mélanges. Les prairies ont une marge de progression importante. Elles sont source d’amélioration économique dans les exploitations laitières » rappelle Michel Deraedt, ingénieur au BTPL. « N’oublions pas que l’herbe représente environ 70 % des surfaces consacrées à l’alimentation du troupeau laitier français, vaches et suite comprise. » Fort de cette expérience, le BTPL élabore depuis longtemps des cahiers des charges pour le choix des mélanges à semer dans les prairies.

« Nous définissons les proportions d’espèces adaptées, leur type et leur précocité, et nous nous intéressons de très près aux variétés ». Ainsi, chaque année les préconisations intègrent en priorité des variétés récentes, de qualité reconnue en France c'est-à dire inscrites au catalogue Français. Ce travail est ensuite partagé avec les principaux semenciers de façon à s’assurer de la disponibilité des variétés et de partager leurs connaissances techniques. Un des points importants des mélanges souligné par le technicien : « nous ne voulons pas leurrer les éleveurs en préconisant plus de 6 ou 7 espèces dans un mélange : sur un nombre élevé d’espèces semées ensemble, les moins rapides à l’installation et au développement sont condamnées d’avance, ou alors c’est qu’il y a un problème de conduite ». Quant à la dose de semis : « avec 25 à 30 kg de semences par hectare, le nombre de graines par m² est déjà largement suffisant. En mettre plus, c’est favoriser encore les espèces les plus promptes et plus productives, comme les ray-grass. Les espèces faiblement représentées subissent alors une concurrence accrue et ont au final rarement une présence significative».

Jean Saulue président de la section « Semences fourragères et gazon » de l’Union Française des Semenciers Michel Deraedt, ingénieur au BTPL

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