Sélectionner les fourragères : quand l’information vaut de l’or

Sélectionner des semences fourragères, comme toute autre espèce, consiste en premier lieu à repérer, dans des séries d’essais, les plantes les mieux adaptées aux attentes des éleveurs. Le sélectionneur en blouse blanche, arpentant pépinières et parcelles d’essai, existe bel et bien. Mais il se double aussi d’un redoutable analyste des informations issues de quinze années d’observation. Le temps nécessaire pour sélectionner une nouvelle variété !

Marie-Christine Gras travaille sur neuf espèces fourragères. « Chaque année, nous implantons quelque 70 000 plantes en pépinières. Nous les repiquons une à une, pour ensuite repérer les plus belles. » Les données vont commencer à s’accumuler. Pas moins d’un million de notes qui vont permettre de grouper les variétés selon leur comportement, pour mieux les croiser ensuite. Les variétés synthétiques, issues des « polycross », ou croisements multiples, font l’objet pendant trois ans, à partir de la 5e ou 6e année du cycle de sélection, de notations régulières. « A ce stade, nous recueillons des données sur l’aptitude à produire du fourrage, la valeur alimentaire, le comportement agronomique, le rythme et la vigueur de pousse ou de repousse. L’adaptation aux environnements difficiles commence à être notée également. Nous avons opté, comme ligne directrice en sélection, pour la mise sur le marché de variétés qui soient bien dans un maximum d’environnements différents », précise Marie-Christine Gras. Après une dernière phase de trois années d’essais, les variétés peuvent être multipliées et présentées à l’inscription, où elles vont être à nouveau observées, notées et comparées à des témoins dans les réseaux du CTPS, le Comité Technique Permanent de la Sélection. Au final, seules cinq à dix variétés, pour chaque espèce, vont franchir cette ultime étape.

Des millions de notations étudiées

«En vingt ans, l’automatisation des saisies dans les notations au champ ou encore les systèmes de pesées intégrés à la récolte, ont totalement bouleversé notre métier», reprend Marie-Christine Gras. L’informatique a limité les tâches répétitives, mais surtout généré une capacité phénoménale de traitement des données stockées. « Notre base de données s’appuie sur plus de 100 000 lots de semences et les informations liées à ces lots », poursuit Marie-Christine Gras. Ajoutés aux résultats de 2 200 essais informatisés, ce sont 1,1 million de données de coupes, 3,2 millions de notes, 100 000 données sur la valeur alimentaire qui vont pouvoir être triturées pour forger le jugement du sélectionneur.
Un atout essentiel au moment où les critères complexes comme l’interaction entre les variétés et leur environnement monte en puissance.

L’information, une valeur à part entière

L’information en elle-même tend à prendre de la valeur. Une charte est en cours de signature par tous les semenciers, et pour toutes les espèces, pour qu’ils puissent accéder aux données recueillies lors des années d’inscription au CTPS. Les flux d’informations sont aussi de plus en plus souvent utilisés pour aider l’utilisateur final dans son choix variétal. Le secteur des fourragères fait figure de pionnier en la matière puisque les éleveurs disposent depuis déjà deux ans de l’Herbe-book. « C’est un progrès considérable pour des espèces difficiles à évaluer comme les nôtres, assure Marie-Christine Gras. L’éleveur peut rapidement, en fonction de ses propres critères, choisir la variété la mieux adaptée. Il peut aussi voir d’emblée comment se classe une nouvelle variété par rapport à l’offre antérieure. »
Un tableau très simple d’approche, mais derrière lequel se cachent des années de patientes observations dûment notées.

Marie-Christine Gras

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