Epandage des fumiers

L‘époque où il fallait juste sortir le fumier et l’épandre est révolue. Désormais, les fumiers sont appréhendés comme des matières avec une vraie valeur fertilisante. Les constructeurs adaptent donc leurs machines à cette nouvelle donne. Troisième et dernier volet de notre dossier sur les conseils d’épandage des engrais, Herb’actifs interviewe Rémi Chenevière, chef produit et marketing chez Rolland.

Herb’actifs : quels sont vos conseils pour améliorer l’efficacité des chantiers d’épandage de fumiers ?

Mixer son fumier et charger correctement l’épandeur
Rémi Chenevière : Plus le tas est haut, plus sa base sera compacte. Nous recommandons donc, si possible, d’essayer de varier la zone de chargement dans le tas, ou de la mixer au godet pour l’homogénéiser, voire de le composter avant de le charger dans l’épandeur. Naturellement cela reste plus facile en fumière qu’avec un tas dans la parcelle.
Par ailleurs, lorsque l’on charge, il faut être attentif à charger le plus régulièrement possible la caisse. Sinon le tas va être désaxé dans l’épandeur. Le tapis de fond amènera alors plus de fumier sur une spire que sur l’autre, ce qui entrainera une répartition transversale hétérogène à chaque passage, et donc des zones sous-dosées et d’autres surdosées dans la prairie.

Bien choisir le système d’épandage
R.C. : Selon sa hauteur de stockage, un tas de fumier est plus ou moins dense. Entre 0,5 m et 1 m de hauteur, il est considéré comme mou. Compact entre 1 m et 1,6 m, et très compact dès que sa hauteur dépasse 1,6 m. Cette information doit aider à bien choisir son système d’épandage. Car quel que soit son état de départ, il doit arriver dans la prairie fin et émietté, pour être minéralisé de façon homogène et éviter des tas qui créeront des zones de refus si la prairie est pâturée ou qui se retrouveront dans le foin si fauchage et fenaison.
Si vous n’épandez que des fumiers lourds et compacts, on conseille plutôt un cadre avec des hérissons verticaux. Ils sont conçus pour travailler avec un bon débit de produit (10 à 40 t/ha) sur 10 m et sans perte de vitesse du tracteur avec tous les types de fumiers.
Si vous épandez une plus grande variété de produits, comme des fumiers lourds, mous, des composts (ou mêmes des fientes de volailles), alors la table d’épandage est plus adaptée. Elle permet d’épandre tous les types de produits de 10 à 24 mètres et de 2 à 35 t/ha de manière très précise. Il faut par contre savoir qu’elle mettra un peu plus de temps à épandre un fumier lourd que des hérissons verticaux, le temps d’avaler le produit.

Quels sont vos conseils pour épandre la bonne dose ?

Raisonner en « intervalle de travail » plus qu’en « largeur de travail »
R.C. : La grande variabilité de la matière à épandre ne permet pas de régler mécaniquement ni électroniquement une largeur d’épandage. Nous recommandons donc de raisonner en intervalle de travail, en plage maximale. Par exemple entre 10 et 12 m avec des hérissons verticaux. Dans cet intervalle, la machine doit répartir le fumier de façon homogène dans l’axe et sur les côtés, émietter suffisamment fin et ne pas consommer trop de puissance.
Avec une table d’épandage, on peut faire des réglages beaucoup plus fins selon les produits. On peut travailler jusqu’à 24 m.
Sans pouvoir la régler très précisément, il existe malgré tout des moyens de moduler la largeur de travail, par exemple en abaissant le régime de prise de force ou en faisant varier l’angle de la table lorsque les flèches ont des suspensions hydrauliques.
Par ailleurs, des volets de bordures peuvent également équiper les épandeurs pour empêcher de projeter sur la route, dans la rivière ou dans le champ d’à côté.

S’équiper d’un Débit Proportionnel à l’Avancement
R.C. : S’équiper d’un DPA permet de maintenir une dose constante, peu importe les variations dans la vitesse d’avancement du tracteur. Sans DPA, si le tracteur se met à patiner, dans une prairie en pente par exemple, le tapis reste à la même vitesse et entraine un surdosage.
Il est également désormais possible de coupler le DPA avec une pesée électronique, continue et dynamique. Dans ce cas, il suffit de paramétrer le boitier avec le tonnage/ha souhaité et en permanence l’épandeur pèse le poids réel de fumier restant dans la caisse, pour assurer une régulation automatique du débit massique afin de respecter le dosage demandé par le chauffeur.

Epand’app, pour les machines dépourvues d’automatismes
R.C. : Pour tous les épandeurs à fumier dépourvus d’automatismes pour aider aux réglages. La Chambre d’Agriculture de Bretagne a développé en 2014 l’application d’aide aux réglages Epand’App pour appliquer la dose souhaitée dans les champs. Si vous faites analyser votre fumier, vous pouvez paramétrer les valeurs N/P/K de votre fumier puis choisir la dose d’azote que vous voulez épandre dans votre prairie pour obtenir les réglages correspondants. En savoir plus.

Focus sur la certification Eco-Epandage

La certification Eco-Epandage est une démarche mise en place par les acteurs des engrais organiques. Les principaux critères évalués sont la conformité réglementaire, des performances agronomiques (respect des doses et de leur répartition transversale et longitudinale, respect des doses, respect des sols), et l’ergonomie et le fonctionnement de la machine.
L’évaluation se fait sur un banc d’essai d’IRSTEA, sous le contrôle de l’organisme certificateur Certipaq. La certification résulte d’une démarche volontaire du fabricant qui soumet sa machine à plusieurs passages au banc d’essai, simulations par logiciel et sondages auprès des utilisateurs.
En 2011, Rolland et Pichon répondaient à l’appel à projet du Ministère de l’Industrie visant à garantir des épandages intelligents et tracés. Avec le soutien de l’IRSTEA*, des chambres d’agriculture de Bretagne, de VetAgro Sup, ils ont créé le référentiel de certification de machines d’épandage de matières organiques. La première certification environnement agricole : éco-épandage est officiellement lancé en janvier 2014 par APS, filiale d’Axema. Pour en savoir plus sur la certification Eco-Epandage.

• : Institut National de Recherche en Sciences et Technologies pour l’Environnement et l’Agriculture

tonne à fumier
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