Vrai ou faux ? 10 idées reçues sur les andaineurs à tapis
Les andaineurs à tapis se taillent une place de plus en plus grande dans la chaîne de valorisation de l’herbe de fauche en promettant vitesse de chantier et respect des fourrages. Vérification autour de 10 idées reçues.
La technologie coûte cher
Vrai - Le ticket d’entrée est élevé, entre trois et cinq fois plus cher par mètre de largeur de travail qu’un andaineur classique. Cependant les vitesses de travail peuvent aller jusqu’à 20 km/h et surtout la qualité des fourrages est préservée, avec moins de pierres, moins de terre et moins de pertes de valeur alimentaire.
Les charges sont difficilement amortissables
Faux – Les plans d’occupation des matériels sont souvent dépassés dès la première année d’investissement dans les ETA et les Cuma. En revanche, il est vrai que les appareils de grande largeur nécessitent des surfaces importantes pour être amortis et l’achat semble plutôt réservé à une utilisation partagée sur plusieurs exploitations.
Le matériel est difficile à conduire
Vrai – Les andaineurs à tapis sont plus difficiles à conduire que les andaineurs classiques à rotors. Régler l’épaisseur des andains, les largeurs d’andainage, la distribution de l’andain et s’adapter à la culture à andainer ainsi qu’aux conditions climatiques : il est conseillé de faire appel à un chauffeur expérimenté pour pouvoir profiter de tout le potentiel de ces machines. En option, ces matériels peuvent être équipés du suivi de terrain avec des systèmes à roues de jauges et/ou à patins.
L’andaineur à tapis respecte les fourrages
Vrai – Les andaineurs à tapis respectent bien mieux les fourrages que les andaineurs à rotors notamment car ils ramassent l’herbe au sol grâce au pick-up dédié. Ce dernier pose les matières sur un tapis qui va simplement les convoyer sur l’andain. Ce système évite aussi les pertes d'andainage liées au remplissage de fourrage dans les reliefs du terrain tels que les ornières. Par ailleurs le pick-up ne touche pas du tout au sol, ce qui limite énormément l'intrusion de corps étrangers de type terre ou cailloux. Les pick-up de ces andaineurs sont conçus pour ramasser les fourrages sur toute la largeur de travail ; si bien que l'ensemble de la récolte se trouve aérée. Contrairement aux andaineurs plus conventionnels, la récolte n'est donc pas posée sur une partie de fourrages humides non retournés. Là encore les gains sont appréciables en taux de matière sèche et des gains sont réalisés en homogénéité des récoltes.
L’andaineur préserve à 100 % les valeurs alimentaires
Vrai et Faux – Les interventions sont réduites sur les fourrages ce qui limite très fortement les pertes notamment des petites feuilles sèches qui concentrent souvent les plus fortes valeurs alimentaires. Différents travaux montrent que la technique permet des gains significatifs allant jusqu’à 5 ou 6 points de Matière Azotée Totale (MAT), notamment dans les récoltes comportant des légumineuses dont les feuilles sont très friables et légères. Cependant de bonnes pratiques sont à respecter. « Les après-midis où il fait chaud et sec, on voit quand même voler les feuilles de luzerne ou de trèfle », nous confiait un ancien chauffeur d’andaineur à tapis rencontré lors des prairiales à l’Inra du Pin (61) le 13 juin 2019. Autant que possible les interventions sur trèfle ou légumineuses doivent se faire en priorité le matin pour profiter de la rosée encore présente. Par ailleurs ne pas oublier que les pertes de valeurs alimentaires aux champs sont surtout liées au délai entre la fauche et la récolte du fait notamment de la consommation des sucres par la plante. Chaque heure compte.
La repousse est facilitée
Vrai – La culture en place n’est pas touchée et donc pas abîmée par le pick-up. La repousse en est d'autant facilitée. Pour une saison de culture de luzerne comprenant cinq coupes, un constructeur évalue par exemple un gain de plusieurs semaines lié aux gains sur la rapidité des repousses en comparaison avec l’utilisation de machines à rotors.
Ce matériel est intéressant seulement pour la luzerne
Faux – Les andaineurs à tapis se sont surtout développés pour valoriser la luzerne. Cependant aujourd’hui ils sont adaptés à une grande diversité de fourrages. Ils permettent des récoltes propres même sur sol travaillé comme sur une dérobée entre deux maïs par exemple, ou en première année de pousse pour une prairie temporaire par exemple. Ces machines sont également mises en avant pour andainer des fanes de maïs par exemple.
Ce type d’andainage n’est pas adapté à l’ensilage
Faux – Au-contraire, les andaineurs à tapis et surtout ceux à grande largeur (jusqu’à 9 m) permettent de constituer des andains épais rassemblant jusqu’à 18 m de largeur de coupe et d'occuper ainsi efficacement les chevaux d'une ensileuse pour gagner en efficacité. Le soin apporté à la constitution des andains permet également d’envisager de monter des pick-ups étroits de 3m sur les ensileuses. L’avantage est que cette largeur est autorisée sur la route. En andainant sur une grande largeur, le linéaire d’andain à engranger est aussi diminué. Les circulations d'engins dans les parcelles sont limitées d'autant avec un meilleur respect des sols. La moindre présence de cailloux dans l’andain préserve également les couteaux de l’ensileuse. En foin ou en enrubannage, l’homogénéité des andains constitués permet d’obtenir des balles plus lourdes et donc d’utiliser moins de matériel et moins de films ou de filets par parcelle. Les andaineurs à tapis les plus sophistiqués permettent également de travailler sur des largeurs variables. Ainsi le chauffeur peut adapter l'épaisseur à la quantité de matières présentes. Par ailleurs, les grandes largeurs permettent également de valoriser des coupes peu importantes là où elles auraient été laissées aux champs avec un système classique.
Je devrai revoir mon système de fauche
Vrai – En effet, pour profiter pleinement du potentiel des andaineurs à tapis, il est conseillé de faucher à plat pour faciliter le séchage de l’herbe sur toute la surface de la parcelle. L'andain n'est pas réalisé conjointement à la fauche puis retourné ensuite, mais au contraire il est réalisé tardivement et est normalement directement récoltable dans les heures qui suivent, que ce soit par l'ensileuse ou l'enrubanneuse par exemple. La hauteur de coupe se doit aussi d’être suffisante pour permettre une bonne aération des fourrages aux champs. Une hauteur minimum de 7 cm est souvent préconisée dans ce système.