Utiliser le levier "prairies" pour les difficultés de la filière viande liées au Covid-19
Conséquence de la crise du Covid-19, les abattages de bovins sont en recul. Les animaux vont parfois devoir rester plus longtemps dans les fermes, entraînant une hausse des charges pour les éleveurs. Alors que faire ?
Vincent Lambrecht, chargé de mission viande bovine à la chambre d'agriculture des Pays de la Loire, se veut rassurant. « Les données Idele ont montré que les broutards s'en sortent bien pour l'instant, et les ventes sont en hausse en GMS. Le steak haché a explosé, et compense un peu les pertes liées à l'arrêt de la RHD (restauration hors domicile). Ce qui caractérise la situation actuelle c’est l’équilibre matière difficile à atteindre pour les morceaux nobles habituellement valorisés en RHD ».
En cas de nécessité de repousser le départ d'un lot de génisses ou de vaches déjà à l'engraissement, il propose de limiter les concentrés pour réduire le GMQ (gain moyen quotidien). « On peut mettre une ration tout herbe, avec 1 à 2 kg de céréales par jour, là où habituellement on en met généralement 4 kg ». Pas besoin d'affourager en plus, « jusqu'à fin mai on n'aura pas de meilleure herbe que celle sur pied. La pousse doit suffire pour couvrir les besoins ». Attention tout de même à ne pas trop charger les prairies. « Il faut respecter la règle des quinze jours d'avance de pâturage au printemps, et 25 jours en été, rappelle le conseiller. C'est à dire si 10 bêtes mangent 15 kg/jour, il faut 150 kg multipliés par 15 jours, soit 2,25 tonnes de stock sur pied au printemps. Ce sont les règles standards dans le grand ouest, qui pilotent le dimensionnement des paddocks où l'on fait du pâturage tournant».
La bonne gestion de l’herbe est d'autant plus importante aujourd’hui car la rétractation du marché s’associe à une faible pousse de l’herbe, explique Vincent Lambrecht : « Début avril, la période de froid a entraîné un arrêt de la pousse par manque de température, et le vent du nord a séché les terrains. Ce n'est pas gênant partout, mais il y a des endroits, notamment en Loire-Atlantique, où les parcelles ont été rabotées et où elles ne repartent pas. C'est inquiétant car les stocks sont déjà réduits ».