Lait de Foin : une reconnaissance de l’intérêt des prairies

Première Spécialité Traditionnelle Garantie laitière en France, « le lait de foin » défend un lait produit avec une ration à base de 75% d’herbe pâturée et de foin. Une centaine d’élevages sont déjà certifiés.

Adhérent du Segrafo, une association d’échanges techniques autour du séchage en grange, un groupe d’éleveurs souhaitait mettre en valeur leurs pratiques de production de lait à partir d’herbe pâturée et de foin. « Nous nous sommes rendus en 2013 en Autriche, retrace Didier Le Hec, l’un de ces éleveurs, lui-même producteur laitier dans le Morbihan et président de l’ODG (1). Nous y avons découvert le « Heumilch », le lait de foin, qui représente 15% de la production laitière et apporte une meilleure valorisation aux producteurs. On s’est dit que, nous aussi, nous pourrions faire reconnaitre nos pratiques ». Motivés, les éleveurs le font grâce à un signe officiel européen de qualité, la Spécialité Traditionnelle Garantie. Ce label garantit un mode de production traditionnelle. C’est toute une filière « lait de foin » qui se construit autour d’un lait produit par des animaux nourris à l’herbe et au foin. Cette filière met en avant le respect du bien-être animal, de sa nature herbivore ; le goût et la qualité des produits issus de ce lait, ainsi que la protection de l’environnement (réduction des intrants, stockage de carbone, entretien de la biodiversité grâce aux prairies). Depuis mai 2018, le lait de foin est la première Spécialité Traditionnelle Garantie laitière en France. Une centaine de producteurs, bio en majorité mais aussi conventionnels, sont certifiés. Comme la STG concerne les pratiques sans obligation géographique, ces éleveurs sont répartis sur tout le territoire.

Des prairies, cœur de l’assolement

À la fois traditionnelle et innovante, la STG « lait de foin » reconnait la spécificité de l’alimentation des ruminants à base de foin et d’herbe tout en répondant aux nouvelles attentes des consommateurs de trouver des produits sains, goûteux et produits dans le respect de l’environnement et du bien-être animal. Son exigence principale est de respecter un minimum de 75% de la ration annuelle à base d’herbe pâturée et de foin. Les produits fermentés et les OGM sont interdits. Chaque agriculteur est libre de ses choix quant aux types de prairies. « Sur mon exploitation, nous priorisons les prairies, qui sont la base de l’assolement. 80% de la SAU est en herbe, témoigne Didier Le Hec. Quelques-unes sont implantées pour une courte durée mais la plupart ont une dizaine d’années. Je les régénère par sur-semis ».

Le choix de nourrir ses animaux de façon traditionnelle, n’empêche pas les moyens modernes, comme le séchage en grange. « C’est un outil très appréciable pour sécuriser les stocks et aller vers des systèmes plus autonomes » souligne Didier Le Hec. C’est un autre atout du lait de foin, favoriser une plus grande autonomie des systèmes. « Avec l’herbe, il n’y a pas de souci pour la teneur en protéines mais souvent un manque d’énergie, explique l’éleveur morbihannais. Le cahier des charges en tient compte et autorise la complémentation énergétique (céréales, betteraves). Sur notre exploitation, je ne distribue que ce que je produis, je n’achète aucun concentré ».

Viser une meilleure valorisation

À ce jour, la certification n’entraine pas de facto une meilleure valorisation du lait. « Notre association est une Organisation de Défense et de Gestion, son rôle n’est pas économique », clarifie Didier Le Hec. L’ODG est un relais auprès des producteurs pour les accompagner vers la certification, qui sera réalisée par un organisme de contrôle indépendant. Si l’ODG n’a pas vocation à être un acteur de mise en marché, elle projette quand même de fédérer producteurs et transformateurs autour d’échanges et de co-constructions. « Nous en sommes au début de notre démarche pour la reconnaissance économique de notre segmentation, reconnait Didier Le Hec. Nous savons que nous produisons un lait premium riche en omégas 3, au meilleur rendement fromager. Les éleveurs qui font de la transformation le savent, les fromagers qui choisissent notre lait aussi. Ils connaissent bien l’importance de l’absence d’aliments fermentés pour leurs transformations au lait cru ». Maintenant qu’ils sont suffisamment nombreux à être certifiés, les éleveurs veulent donner plus de la visibilité aux systèmes herbagers et ensuite obtenir une valorisation spécifique. « 2020 n’a pas facilité les choses mais on a avancé, reconnait Didier Le Hec. La STG va être étendue aux ovins et caprins d’ici peu de temps ».

Pour en savoir plus sur le Lait de Foin, cliquez

1 : organisme de défense et de gestion

Didier le Hec et son foin Didier le Hec et son foin parmi ses vaches

Inscription à la newsletter

Votre adresse e-mail ne servira qu'au traitement de votre abonnement à ladite lettre d'information par l'Interprofession des semences et plants. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits, cliquez ici.

Les derniers articles de Filières

L'autonomie alimentaire dans les élevages de ruminants

Nos élevages de ruminants, qui produisent en partie lait et viande avec des aliments produits sur la ferme, peuvent améliorer leur autonomie en protéines. Explication chiffrée.

Pourquoi s’intéresser à l’autonomie protéique des élevages ?

En produisant des plantes riches en protéines ou en nourrissant différemment ses troupeaux, notre élevage peut réduire sa dépendance aux importations de soja sud-américain. Explication des enjeux.

Foin de luzerne : une complémentarité entre plaine et montagne dans le Massif-Central

Entre agriculteurs de la plaine de la Limagne et éleveurs laitiers de l’AOP Saint-Nectaire, un partenariat s’est noué en 2020 pour créer une filière de foin de luzerne.

Les derniers articles d'Herb'actifs

Paroles d'éleveurs

« Il faut toujours faire évoluer son système »

Digital

Pâturage tournant : des pistes pour réduire le coût des clôtures virtuelles

Agronomie

Oui, en système herbager autonome, il faut faucher 50 % de sa surface en herbe au 1er cycle

Des outils pour vos prairies

Le Calculateur de Mélanges Prairiaux

Cette application vous permet de déterminer le peuplement théorique d'une prairie semée à partir d'un sac de mélange, ou bien de composer vous même votre mélange en fonction du type de prairie que vous voulez obtenir.

Vers l'application

Herbe-Book

La catalogue des graminées et légumineuses fourragères inscrites au catalogue des variétés officielles. Sélectionnez les variétés sur des critères d'exploitation, de production, de maladie et de qualité alimentaire pour les comparer.

Vers le catalogue