Utiliser le levier "prairies" pour les difficultés de la production laitière liées au Covid-19
Certaines filières laitières demandent une baisse de la production liée à la baisse de consommation de certains produits à cause de la crise du coronavirus. Sans rationner trop les vaches, c’est peut-être le moment de reconstituer des stocks et de mieux valoriser l’herbe pâturée pour faire des économies sur les concentrés.
Encore plus en cette période où les laiteries appellent à lever le pied sur les volumes et que les prix sont en berne, les prairies ont toute leur place dans l’alimentation des vaches laitières. « Il faut profiter de la pousse de l’herbe pour maximiser le pâturage, ce qui permet de réduire le coût alimentaire, conseille Philippe Busnel, nutritionniste chez Eilyps, entreprise de conseils en élevage d’Ille et Vilaine. Pour diminuer un peu la production des vaches, on peut alléger la complémentation et la distribution de fourrages conservés mais, attention, de garder un apport énergétique à base de maïs grain ou de foin pour contrebalancer le manque d’énergie de l’herbe. Il faut rester vigilant sur les périodes de transition et l’équilibre de la ration ».
Reconstituer des stocks
Quand la pousse de l’herbe sera au maximum, normalement à partir de mi-avril/début mai, avec les températures printanières, il sera temps de reconstituer des stocks. « Quand la pousse dépasse la consommation des animaux, on peut débrayer quelques parcelles de RGA pour faire de l’enrubannage, de l’ensilage ou des fourrages déshydratés », souligne Philippe Busnel. Il faut commencer par faire l’état des lieux des besoins de son troupeau, avec une ration calée sur le nouvel objectif de production, et le bilan de ses parcelles.
En fonction du nombre d’ares par vache et de la pousse envisagée, on pourra décider de la surface à faucher. Il faut sortir de la rotation les parcelles où la hauteur d’herbe dépasse les 13/14 cm. Mais attention de ne pas débrayer trop de parcelles, il faut s’assurer d’avoir 10 jours de stocks sur pied « car la pousse d’herbe n’est pas linéaire dans le temps, elle varie selon les températures, l’humidité et la minéralisation, rappelle Philippe Busnel. Si on a moins de 20/25 ares par vache, c’est délicat de débrayer des parcelles et, en même temps, de réduire les quantités de fourrages à l’auge en dessous de 4 kg MS/VL/jour ».
La délicatesse de l’exercice est de trouver un juste équilibre entre la nécessité de reconstituer des stocks, l’injonction de lever le pied sur la production sans pour autant rationner les vaches. « Une ration insuffisante aurait des conséquences négatives sur leur immunité, leur reproduction, la qualité du lait, rappelle Philippe Busnel. Ce qui mettrait à mal toute la suite de leur lactation ».