Viande de nos prairies : une nouvelle filière herbe pour valoriser les allaitantes

Le Gaec du Bois-Laurent, à Donges, est situé en limite des marais de l’estuaire de la Loire. Yohann et Stéphane, les deux associés, basent la gestion de leurs troupeaux, laitier et allaitant, sur l’herbe qui est une ressource abondante de leur exploitation. Voici un an, ils ont augmenté la valeur de leur système avec la nouvelle marque « Viande de nos prairies de Loire-Atlantique » créée par le groupement d’éleveurs auquel ils appartiennent.

Yohann Bigeard et Stéphane Evain exploitent 84 ha labourables. 36 ha sont implantés en maïs, 11 ha en triticale et 36 ha sont cultivés en prairies temporaires. Les deux associés exploitent également 213 ha de prairies permanentes sur les marais proprement dit. « Ce sont des zones qui ne sont utilisables qu’en pâturage ou pour faire du foin. C’est humide et il y a beaucoup de têtes de roche » décrit Yohann. Leur cheptel compte 70 mères allaitantes charolaises et 65 vaches laitières. Les broutards sont vendus à 8 mois et les bœufs Prim’Holstein sont engraissés et vendus à trois ans. Ils vendent chaque année une trentaine de réformes et de génisses du troupeau allaitant. Grâce à leur surface en prairies, le Gaec du Bois-Laurent a basé son système d’élevage des bovins viandes sur une utilisation maximale de l’herbe. « Quand débute la phase d’engraissement, les animaux ont déjà un bon état. La période en bâtiment ne dure pas plus d’un mois en été et deux en hiver. Même quand elles sont rentrées, les vaches reçoivent toujours au moins un tiers d’herbe dans leur ration » assure l’éleveur. Il reconnaît tout de même un développement un peu plus lent avec cet aliment puisque ses génisses allaitantes en tout herbe vêlent six mois après les laitières. Une conduite extensive très répandue dans le secteur, qui a donné l’idée aux éleveurs du groupement ELVEA 44 de créer la marque « Viande de nos prairies de Loire-Atlantique » pour mieux valoriser en direct certaines bêtes de leur troupeau allaitant auprès de la grande distribution.

Un cahier des charges basé sur l’herbe

Le cahier des charges de la marque est strict. L’herbe y prend évidemment toute sa place puisque 75 % de la surface fourragère principale doit être dédiée aux prairies. Le chargement ne doit, lui, pas dépasser 1,6 UGB/ha. « Ce critère n’était pas très compliqué pour nous puisque nous sommes déjà engagés sur une MAEC (Mesure Agro-Environnementale et Climatique) avec un chargement de 1,4 UGB/ha » dit Yohann Bigeard. Les vaches doivent également être nées, élevées et engraissées en Loire-Atlantique et avoir passé un an dans la dernière exploitation avant l’abattage. La charte des bonnes pratiques d’élevage est évidemment à respecter pour intégrer la filière. « Le prix dépend de la grille de critères. Sur une conformation de vache de type U par exemple, nous sommes payés 4,45 €/kg contre 3,9 €/kg dans les circuits classiques. Ce n’est pas négligeable » rapporte Yohann. Ce prix se base notamment sur les coûts de production. Cette marque, créée il y a un an, a déjà permis au Gaec du Bois Laurent de valoriser 7 vaches de réforme et génisses en « Viande de nos prairies de Loire-Atlantique ». Les exploitants espèrent vendre une vingtaine d’animaux via ce circuit pour le prochain exercice. « Pour cette filière, nous choisissons les génisses qui ont un petit gabarit ou les vaches qui ont loupé un veau, subit une césarienne ou qui approchent des 8 ans », explique Yohann Bigeard.

La gestion des prairies au centre du système

Les 36 ha de prairies temporaires alimentent les vaches laitières durant une partie de la saison du pâturage et produisent un stock de 4 mois pour l’alimentation des troupeaux laitiers et allaitants durant l’hiver. Elles sont implantées avec un mélange de 35 kg/ha de ray-grass italien et 15 kg/ha de trèfle violet et trèfle blanc. « On garde nos prairies pendant 18 mois. Le trèfle violet démarre plus rapidement et le trèfle blanc prend ensuite le relais » explique l’éleveur. Les parcelles sont ensilées deux fois lors de leur première année d’implantation, puis pâturées trois ou quatre fois jusqu’à la deuxième année avant d’être retournées pour implanter du maïs. Pour améliorer leur système, les deux associés pensent à construire une prairie, proche de l’exploitation, avec du ray-grass hybride, du trèfle blanc géant et du trèfle incarnat. Ils la garderaient trois ou quatre ans pour amortir le coût des semences. Cette nouvelle prairie permettra un pâturage des vaches plus tardif en saison, lorsque le ray-grass italien des autres parcelles est à épiaison. La conduite des prairies reste assez, simple avec un apport de 100 à 150 kg/ha d’ammonitrate en mars et un deuxième apport de 200 kg/ha après la première coupe d’ensilage. Les prairies naturelles sont, elles, soit pâturées par les vaches allaitantes avec un lot qui tourne sur trois parcelles, soit réservées pour les foins avec déprimage au début du printemps.

Yohann Bigeard et Stéphane Evain  du Gaec du Bois Laurent
allaitantes du GAEC dans leurs prairieslaitières du GAEC dans leurs prairies

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