Un hollandais dans l’Ouest : il s’y connaît en herbe !
Jan Schuttert, un hollandais installé depuis 15 ans à Ste-Pazanne (Loire-Atlantique), conduit ses prairies avec brio. Objectif : en pâture ou en ensilage, nourrir les vaches laitières toute l’année.
En 1994, Jan Schuttert, ouvrier agricole, décide de s’installer agriculteur avec sa femme, Hilde. N’étant pas de famille d’exploitants, les opportunités en Hollande, leur pays d’origine, étaient nulles. Ils décident de prospecter au Danemark, en Allemagne de l’Est puis en France. La Normandie ? La Bretagne ? Ce sera finalement Sainte-Pazanne, en Loire-Atlantique. Suite à un départ en retraite, une exploitation de 120 ha et de 430 000 litres de quota de lait se libérait.
« L’idéal pour nous, confie-t-il. L’ouvrier de l’ancien exploitant est resté auprès de nous durant trois ans. Une transition indispensable pour maîtriser les subtilités du métier et… de la langue française ! ».
Plus de huit mois par an au pâturage
Dès la première année, Jan augmente la part des prairies dans l’assolement. 60 ha d’herbe, 30 ha de céréales (qui sont vendues ou autoconsommées) et 30 ha de maïs sont cultivés. « En valeur alimentaire, il n’y a pas mieux que le mélange ray-gras anglais – trèfle blanc, dit-il. Chaque parcelle produit tous les ans deux pâturages et un ensilage ». L’exploitation étant morcelée mais regroupée, la rotation des animaux est bien au point. Les vaches pâturent plus de huit mois par an et, l’hiver, elles reçoivent toujours au moins 50 % d’herbe dans leur ration.
« En Hollande, le système est beaucoup plus intensif, poursuit-il. Ici, j’aurais aimé avoir deux fois moins de surface mais deux fois plus de vaches. Cela ne demanderait pas plus de travail mais serait plus rentable ». Seule solution : une conduite économique optimale, par les prairies. Aujourd’hui, chaque vache produit 10 000 kg de lait par an mais Jan espère faire mieux.
Entre fauche et ensilage : pas plus de 36 heures
Pour conserver une valeur alimentaire optimale de ses ensilages, Jan les prépare « sauce hollandaise ». « Dès que l’herbe est coupée, elle perd de sa valeur alimentaire. Aussi, ma technique est de faucher, d’andainer et d’ensiler dans la foulée : en à peine 36 heures ». Finalement, Jan a réussi à importer la pratique hollandaise de l’agriculture, dans « ce petit coin de France, où la situation n’est finalement pas très différente, mis à part le climat ».
Ce qu’il y redoute le plus : les sécheresses estivales. Voilà pourquoi il sème plus de maïs que les surfaces dont il a réellement besoin. Une stratégie pour assurer son autonomie alimentaire en hiver.
Des prairies soignées
Jan indique que ses prairies sont renouvelées quand la production devient vraiment faible. L’entretien est soigné : un passage d’ébouseuse et un broyage des refus deux fois par an. Chaque prairie reçoit du fumier et près de 50 unités d’azote par an. Les semis associent toujours 20 kg de RGA (une variété diploïde et une tétraploïde) et 5 kg de trèfle blanc (deux variétés également).
« Pour assurer une homogénéité et une bonne densité de levée, je passe deux fois le semoir : une première fois avec la graminée, une seconde fois avec le trèfle.» confie t-il.