« Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier »
Eleveur laitier dans la Vienne, Jean-François Yvon diversifie ses cultures fourragères pour que l’alimentation de ses vaches ne repose pas que sur des maïs sensibles aux sécheresses estivales.
Installé à Mouterre-Silly (86), Jean-François Yvon a pendant longtemps basé l’alimentation des ses 75 laitières sur le maïs. « Les vaches sortent un peu en pâturage mais ce n’est pas ça qui va les nourrir », concède l’éleveur.
Depuis son installation en 1996, l’éleveur note l’impact du changement climatique. « Le manque de pluies en été devient de plus en plus pénalisant pour le maïs. Sur les deux dernières années, ça a été particulièrement difficile. On n’a même pas eu d’orage. Les rendements ont diminué d’un tiers, voire la moitié. Dans certaines parcelles, en 2022, le maïs faisait un mètre de haut », se souvient l’éleveur. Jean-François Yvon.
Des cultures à récolter plus tôt
Pour sécuriser ses ressources fourragères, l’éleveur a décidé de diversifier ses cultures. Sur 12 hectares des terres les plus séchantes, il implante du sorgho BMR plutôt que du maïs. Contrairement au maïs, le sorgho valorisera bien des pluies de fin de cycle. En ensilage, le maïs et le sorgho se complètent bien sur le plan nutritionnel. Comme le semis de sorgho est tardif, fin mai, l’éleveur a le temps de valoriser une dérobée avant. « J’ensile du seigle, cultivé en dérobé avant le sorgho, précise Jean-François Yvon. Je fais aussi du ray-grass italien sur 4 ha, de la luzerne sur 3. Je teste aussi les méteils ensilés, histoire de ne pas mettre tous mes œufs dans le même panier et de ne compter que sur le maïs ».
La hausse des températures a aussi des incidences sur la santé et la reproduction des bovins. « Quand il fait chaud, les vaches dorment dehors mais passent la journée en bâtiment, explique Jean-François Yvon. Pour améliorer leur confort thermique, j’ai fait des devis pour installer des ventilateurs. Mais c’est cher, donc j’hésite entre investir sans trop être sûr de l’efficacité ou faire avec la perte de lait et des vaches qui retiennent moins bien en été ».
Face au changement climatique, un programme de recherche pour trouver des solutions d’adaptation
Le témoignage de Jean-François Yvon a été recueilli dans le cadre du programme LiveAdapt. Ce programme européen a testé, de 2018 à 2022, des solutions pour aider à l’adaptation au changement climatique des systèmes de production animale extensif du Sud de l’Europe. Ce travail s’est fait avec des prévisions météorologiques à l’horizon 2050. Le niveau annuel des précipitations devrait être équivalent mais avec un creux plus marqué en été. Les températures seront en hausse. Cela sera particulièrement marqué en été, ce qui augmentera l’évapotranspiration. Le déficit hydrique estival devrait donc se creuser. Plus de détails sur en cliquant sur ce lien.