Optimiser ses prairies pour produire du « lait à l’herbe »
Rénold Ducloy, a fait le pari de s’installer en élevage laitier à l’herbe. Pour y arriver, il améliore d’années en années, la qualité et la gestion de ses prairies.
Rénold Ducloy est installé depuis 4 ans et demi. A Bellebrune (62), il a repris l’exploitation de ses parents, sans agrandissement. « L’exploitation comprend 40 vaches Holstein, pour une production annuelle de 300.000 litres, explique le jeune éleveur. Il y a aussi une petite vingtaine de vaches allaitantes pour faire du taurillon ». Ce cheptel est conduit sur 50 Ha : 13 Ha de maïs, 17 de céréales et 20 Ha de prairies, principalement des prairies permanentes.
Qui dit prairies, ne dit pas forcément extensification. « Je veux concilier la valorisation de mes prairies avec une augmentation de la production par vache », annonce Rénold Ducloy. Il a déjà augmenté de 100.000 litres la production, par rapport à ses parents, en améliorant la complémentation des vaches.
Valoriser la production à l’herbe
Rénold Ducloy est dans la démarche Via Lacta « lait à l’herbe » depuis le printemps 2017, date de lancement de la démarche. « Je veux valoriser mes prairies, explique le jeune éleveur. Cette démarche est dans ma façon de penser. Ça coulait de source que je m’y engage ». Pour y adhérer, l’éleveur a dû prouver qu’il répondait aux exigences du cahier des charges : un minimum de 20-25 ares pâturables par vache et au minimum 150 jours de pâturage, un logement sur paille et une complémentation sans OGM. « Comme correcteur, j’achète des tourteaux de soja et de colza français, donc non-OGM », précise Rénold Ducloy.
Rénold Ducloy fait des dérobées sur 4 hectares de maïs. « Depuis 4 ans, j’utilise un mélange avec 45% de RGI, 40% de trèfle incarnat et 15% de trèfle de Perse », explique le jeune agriculteur. Il fait une première exploitation à l’automne. « Généralement, j’y fais pâturer les vaches laitières, retrace-t-il. Puis, au printemps, j’ensile cette dérobée. Elle est intéressante car, lorsqu’elle entre dans ma ration, je peux un peu baisser mon correcteur ». M. Ducloy a retourné environ 10 ha de prairie pour y réimplanter soit un mélange de ray-grass anglais et trèfle blanc, soit un mélange de ray-grass d’Italie et trèfle violet. Des parcelles qu’il fait pâturer ou qu’il récolte en foin. Si l’éleveur tient à avoir du foin pour l’hiver « car c’est important d’amener de la fibre pour la rumination », il reconnait que, dans sa région, sa réussite est délicate. « Je fais sécher le foin au champ. Si les conditions climatiques ne s’y prêtent pas, je prends l’option de secours en faisant de l’enrubannage ».
Améliorer ses prairies
Pour améliorer ses 20 Ha de prairies permanentes, qu’il juge moins productives, l’agriculteur ne veut pas les retourner mais envisage plutôt le sur-semis. « Désormais, je vais essayer chaque année de retravailler quelques hectares pour faire une sorte de rotation et revenir tous les 4-5 ans sur une parcelle. Pour avoir toujours de l’herbe en quantité et en qualité, ça devrait être un bon compromis ». La gestion du pâturage reste très technique. « J’estime ne pas encore savoir cultiver l’herbe, reconnait Rénold Ducloy. Jusqu’à présent, j’ai manqué d’herbe en milieu d’été pour assurer une production laitière suffisante. J’ai envie de démarrer du pâturage tournant dynamique ».
Jusqu’à présent, le jeune éleveur avait 7 parcs sur 10 Ha. « Je laissais les vaches jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien, regrette-t-il. A cause de ce surpâturage, l’herbe avait du mal à repartir ». Pour l’année prochaine, il compte recloisonner ses prairies en 20 paddocks, avec pour objectif une journée par parcelle. « Ça sera plus contraignant mais mieux valoriser l’herbe passe par là, et puis c’est mon métier d’éleveur », souligne Rénold Ducloy.