Une leçon de la sécheresse de 2003 en Alsace : le sur-semis pour « faire la soudure »

« C’est l’année où ça va le moins bien qu’il faut faire du sur-semis ! ». Ce constat, Fernand Steffan, l’a tiré en 2003, à l’issue de la dernière période de sécheresse sévère qu’ait connue la région.

Fernand Steffan est éleveur en Gaec avec son gendre, Alexis Molenat, à Griesbachau-Val (68). Un fond de vallée, celle de Munster, où ils conduisent 80 laitières sur 88 hectares. 18 hectares sont réservés au maïs et au sorgho, le reste à la prairie. « En 2003, nous avons semé deux mélanges, le 7 septembre : RGA-dactyle-trèfle blanc en terres séchantes ; brome-fétuque-RGA pour l’autre. Je m’en souviens bien, car nous avons bénéficié d’une petite pluie, se rappelle Fernand Steffan.
Les graines en ont pleinement profité car le semis a été fait avec un SD 4000 Kuhn qui est équipé d’une roue plombeuse individuelle, ce qui a permis une bonne implantation. »

A quelques jours près, les autres semis n’ont que très partiellement levé, faute d’un minimum de pluie. Mais, même dans des conditions difficiles, Fernand Steffan reste convaincu de l’utilité du sur-semis, chiffres à l’appui. « En 2003, cela nous a coûté 52 euros/ha pour l’entrepreneur et 70 euros/ha en semences. Il y a eu une aide exceptionnelle du Conseil général, mais elle n’a pas été déterminante dans notre décision. La première année, nous avons récolté 1,5 tonne de plus sur la saison, 2 tonnes la 2ème année et encore 1,5 tonne la 3ème année.
A 110 euros la tonne de matière sèche, faites le compte ! » La deuxième expérience, en 2006, a été plus lente à porter ses fruits. « Les espèces en place ont d’abord pris le dessus, mais l’année suivante, le gain était visible. » En 2009, la luzerne a été introduite dans les mélanges. La technique du sur-semis concerne maintenant toute l’exploitation. Elle est réalisée tous les deux à trois ans, sur la moitié de la surface en herbe, par un entrepreneur d’une vallée voisine.

Vous reprendrez bien un peu de trèfle blanc !

« Au niveau de la qualité, il n’y a pas photo ! Les analyses au silo le montrent. Et côté appétence, les vaches adorent ça ! », confirme Alexis Molenat. Il faut dire que le choix des espèces ne doit rien au hasard. Trèfles blanc ou d’Alexandrie, luzerne, dactyle, ray-grass anglais, brome ou fétuque... les mélanges sont élaborés avec soin. Le comportement des animaux est observé de près. Les caractéristiques du sol (terres séchantes ou non) aussi, ainsi que les aspects précocité, rapidité de pousse et de couverture... Chez Fernand Steffan, le sur-semis s’insère dans une gestion annuelle de la ration. « Je gère mes stocks fourragers pour disposer d’une avance jusqu’à la récolte suivante, plus deux mois. Sans sur-semis en 2003, l’exploitation l’aurait payé très cher en 2004, puis 2005. » Cette année, 7 à 8 ha de cultures supplémentaires en dérobé vont être mis en place, plus des intercultures pour pallier au fort déficit fourrager lié à la sécheresse. « Ce qui devrait me permettre de rattraper deux mois ½ de ration. Surtout, il faut anticiper », conclut Fernand Steffan.

« Une aide exceptionnelle du conseil général en 2003 »

Jean-François Strehler, chef du service productions animales, chambre d’agriculture du Haut-Rhin : « Près de 110 exploitations ont pris part à l’opération re-semis menée à l’automne 2003, sur quelque mille hectares de prairies. Le dossier que nous avions déposé auprès du Conseil général pour qu’il contribue à ce travail de rénovation des prairies s’est concrétisé par une aide de 80 % du coût du semis et des semences, plafonné à 80 euros à l’hectare. »

des « brebis en train de pâturer

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