« La prairie, ça se cultive »

Arnaud Vanhoutte est un polyculteur-éleveur qui aime ses brebis. Son cheptel fait 600 têtes. Sa Surface Agricole Utile (SAU) est de 120 ha sur lesquels il cultive ses cultures de vente, blé, escourgeon, pois de conserve et betterave et ses prairies, temporaires (entre 5 et 15 ha), permanentes (15 ha) et ses dérobées qui suivent ses escourgeons (entre 15 et 20 ha). Car ce qui intéresse Arnaud dans la prairie, « c’est que ça se cultive ! »

D’une alimentation sèche à une alimentation verte

M. Vanhoutte s’est mis aux prairies à partir de 2008/2009. A cette époque, il a 250 brebis et il fait de la pomme de terre fécule, même si « les deux n’allaient pas ensemble ». C’est à ce moment qu’il saisit l’opportunité de reprendre 13 ha de prairie permanente, augmente son cheptel et fait construire une bergerie avec un couloir d’alimentation. Ce couloir le décide à apporter de l’enrubannage à ses brebis, alors que jusque-là, il leurs proposait une alimentation sèche, à base de pulpes sèches, d’orge et de compléments azotés achetés à l’extérieur. Mais la sécheresse de 2011 l’oblige à aller faucher ce qui est possible, et Arnaud découvre l’affouragement en vert pour ses brebis. « Et là j’ai trouvé ça génial de voir les brebis manger de l’herbe en bergerie, nous confie-t-il. C’est à partir de ce moment que j’ai décidé de nourrir mes bêtes exclusivement comme ça ».

Pour réussir ses dérobées, il faut un bon précédent

Jusqu’au mois d’août, les brebis à la bergerie mangent les fourrages issus des prairies temporaires. Puis dès mi-août, ce sont les fauches des dérobées qui alimentent les brebis en bergerie. Car Arnaud a raisonné ses assolements pour nourrir ses bêtes en vert toute l’année. Il a ainsi décidé d’utiliser la rotation escourgeon/dérobée/betterave pour semer tôt ses dérobées, dès le 15 – 20 juillet, et ainsi faire une première fauche dès le 15 août. « Avec une moisson de blé, on ne pourrait pas semer avant le 15 août. Or avec une dérobée, le but du jeu c’est de semer le plus tôt possible pour profiter de la durée du jour. J’ai donc choisi l’escourgeon. »
M. Vanhoutte apporte tous les ans entre 20 et 40 m3 de lisier et 60 unités d’azote minéral à ses dérobées dès le semis. Il peut ainsi réaliser une première fauche très satisfaisante en qualité et quantité dès le 15 août et commencer à constituer son ensilage d’herbe dès mi-septembre.

Gagner de l’argent avec ses prairies

Sur la campagne 2015/2016, M. Vanhoutte a ainsi pu faucher du 15 août au 15 janvier et donc donner de l’herbe verte et fraiche à ses brebis jusqu’à mi-janvier. L’économie en aliment devient alors substantielle et permet un gain net entre 10 000 et 15 000 € par an à l’exploitation, « car l’affouragement en vert ne me coûte quasiment rien ». Ainsi, avec ses temporaires, ses permanentes et ses dérobées, Arnaud est 100 % autonome en base fourragère. Il travaille ses prairies pour que les rations soient les plus équilibrées possibles et qu’il n’ait que peu d’aliments à acheter. Il met donc toujours « une ou deux légumineuses » dans ses mélanges. Du Ray-grass hybride associé à du trèfle violet pour ses prairies temporaires de fauche et un ray-gras italien alternatif associé à du trèfle incarnat, du trèfle d’alexandrie et de la vesce pour ses dérobées.

Gagner du rendement avec le pâturage tournant

Désormais, avec ce système d’affouragement efficace, Arnaud s’intéresse à faire du pâturage tournant en laissant pâturer entre 1 et 3 jours des petites parcelles pour que l’herbe ne soit pas coupée trop ras. « En fait il faut que la plante cicatrise avant de repartir, donc si on laisse les moutons trop longtemps, ils peuvent attaquer plusieurs fois le même plant et retarder ainsi la cicatrisation. Avec ce pâturage tournant, j’envisage 30 % de rendement en plus car il va donner plus de temps à l’herbe pour pousser ». Explique M. Vanhoutte.

Prairie temporaire, permanente ou dérobée, ensilage, enrubannage, affouragement en vert ou pâturage, les systèmes herbagers offrent une gamme très complète de possibilités, qui se complètent et s’additionnent pour alimenter un troupeau et peuvent s’adapter aux besoins et réalités de chaque exploitation. Arnaud Vanhoutte, qui semble avoir trouvé la recette qui lui convient, ne cesse de l’améliorer semble-t-il. 

Arnaud VanHoutte dans une de ses parcelles
récolte du fourrage vertl'autochargeuse est pleinel'affouragement en vert avec de l'herbe fraichement coupée peut commencerLes brebis se régalent

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