Pour la filière bœuf de nos régions, les génisses sont engraissées uniquement à l'herbe
Au Gaec de la Papionnière, aux Touches (Loire-Atlantique), les génisses charolaises et rouge des prés sont engraissées exclusivement à l'herbe, pour la filière Bœuf de Nos Régions, garantissant une plus-value à l'éleveur.
Au cœur de la Loire-Atlantique, entre Nantes et Châteaubriant, le Gaec de la Papionnière est installé à quelques kilomètres du village des Touches. Les quatre associés, en plus d’un atelier lait, achètent chaque année, des lots de génisses de race à viande, pour être engraissées pour la filière Bœuf de Nos Régions (BNR) de l'industriel SVA, via l'association d'éleveurs et de négociants en bestiaux ELVEA 44. Pour bénéficier de la plus-value du label, les éleveurs doivent respecter un cahier des charges précis, avec une ration après sevrage contenant 80 % minimum d'herbe pâturée, d'herbe conservée, et de foin. L'apport d'amidon, présent dans les céréales ou l'ensilage de maïs, est interdit en phase de finition. Une conduite technique qui fonctionne très bien au Gaec de la Papionnière qui dispose de 200 ha de prairies temporaires. Les génisses BNR sont engraissées uniquement dans ces prairies, sans aliment, jusqu'à leur départ pour l'abattoir.
Ray-grass anglais, trèfle blanc et fétuque élevée
Pour Julien Jaunasse, l'associé en charge de l'atelier BNR, « c'est plus compliqué de faire une belle prairie que des céréales. Il faut investir ». Sur les parcelles, l'éleveur alterne pendant quatre à cinq ans maïs et céréales, puis une prairie pendant en moyenne six ans, « selon son évolution. Quand elle n'est plus assez productive, on change », relate Julien Jaunasse. Il implante un mélange ray-grass anglais et trèfle blanc, avec un peu de fétuque élevée « mais très peu ». Les prairies sont fertilisées avec le lisier de la ferme, en moyenne tous les 1,5 ans. « Mon dernier passage date du 25 avril », fait part l'éleveur. Elles sont aussi chaulées tous les trois ans. Outre le pâturage, toutes les parcelles sont fauchées pour faire du foin ou de l'enrubannage au moins une fois. « C'est important d'alterner fauche et pâturage, appuie Julien Jaunasse. Par exemple la pousse du trèfle est favorisée par le piétinement ». Une fauche de nettoyage est aussi faite pour les refus, parfois ramassée pour faire du foin selon la qualité.
Foin et enrubannage en hiver
Le Gaec achète à son négociant des lots de génisses de race allaitante, d'une trentaine de têtes environ. Le lot présent actuellement compte des charolaises et des rouges de prés. Les animaux passent l'hiver en bâtiment, sur aire paillée. Elles rentrent mi-novembre et ressortent au pâturage en général au 15 mars. « On les sort dès que c'est possible et on les laisse le plus longtemps dehors, explique Julien Jaunasse. Tout dépend des conditions climatiques. En fin de saison, s'il a fait trop sec, on leur met du foin ou une deuxième coupe d'enrubannage ». Les animaux sont changés de parcelle régulièrement. « On le juge à l’œil, selon l'herbe et le comportement des animaux : quand elles ne tiennent pas en place, qu'elles nous suivent en permanence, il est temps de changer, indique Julien Jaunasse. Elles sont mises en priorité dans les meilleures parcelles, après coupes d'ensilage ». La ration d'hiver est constituée d'enrubannage et de foin.
Autonomie alimentaire
Avant l'âge de trente mois, les animaux partiront pour l'abattoir de la SVA, à Vitré (Ille-et-Vilaine), à une heure de route de là. La filière BNR repose sur un principe de contractualisation : les animaux sont inscrits à leur arrivée sur l'exploitation, et l'éleveur s'engage à respecter le cahier des charges. Il doit notamment détenir la Charte des bonnes pratiques d'élevage (CBPE). Si l'amidon est interdit en finition, des aliments complémentaires référencés de type mash, composés de tourteaux de lin, pulpe de betterave ou luzerne déshydratée sont en revanche autorisés. Mais pas besoin à la Papionnière, qui arrive à finir ses animaux uniquement avec ses prairies, réalisant ainsi une économie substantielle.