32 à 32 : balle au centre ! Chez Pierre-Yves Lairy, prairies et maïs-fourrage s'équilibrent
Pile 32 ha de prairies et 32 ha de maïs ! Sur les 86 ha de Pierre-Yves Lairy, en Ille-et-Vilaine, ces deux sources de fourrage forment un équilibre, mais qui varie au fil des saisons.
« Ma priorité ? La santé de mes animaux », explique d’entrée Pierre-Yves Lairy. Pour cet éleveur laitier installé à Rannée, aux portes de la Bretagne, tout est question d’équilibre. Associer le maïs et l’herbe dans la ration des vaches, oui mais pas n’importe comment. « Dès que le climat le permet, je fais pâturer mes animaux dans mes prairies : parfois dès le mois de janvier, précise-t-il. A cette époque, l’herbe étant peu abondante, j’apporte un complément en ensilage de maïs assez important. Au fur et à mesure de la pousse, je réduis les quantités de maïs (cf encadré). Je me base sur une ration quotidienne de 17 kg de matière sèche pour une production de lait de 27 à 30 kg par animal : soit une production annuelle de 9000 kg.»
Au moins 20 % de maïs
Pourquoi utiliser du maïs et de l’herbe ? « Tout simplement pour sécuriser mes approvisionnements, confie-t-il. Dans mes terres argilo-limoneuses – 20 % d’argile, 20 % de limon – le potentiel de l’herbe ne dépasse pas 12 tonnes de matière sèche par hectare, contre 15 à 20 t pour le maïs. Sans compter que l’exploitation se situe en zone de marécage et que l’humidité ne permet pas toujours d’atteindre les objectifs de rendement.» Le déficit de pâturage s’explique essentiellement par la mauvaise portance des sols. Pour Pierre-Yves, pas question de n’apporter que de l’herbe ou que du maïs. « L’herbe, très riche en azote, risque d’entraîner de l’alcalose chez les animaux. De même, un excédent de maïs, très riche en amidon, n’est pas, à mon sens, très bon pour les vaches. Mais ces deux espèces présentent chacune des avantages : avec l’herbe, je récupère l’azote de mes sols et sa conduite est simple. La présence de maïs dans la ration permet de son côté de diminuer le transit intestinal des bêtes. Voilà pourquoi j’en mets au moins 20 % et ce, même au printemps. Le fait de " jouer" sur la ration me permet de contrôler un peu mieux la santé de mes vaches ».
La passion de la génétique
Côté technique, ce passionné de génétique – aussi bien bovine que végétale – a conduit différents essais. Pour ses 12 ha de prairies temporaires, il a opté pour une association de festulolium (un croisement RGA x fétuque des prés) et de trèfle blanc. « Un mélange qui s’adapte bien au contexte pédoclimatique de ma ferme. » Un peu plus technique qu’un traditionnel RGA, il implique un passage tous les 9 à 12 jours pour empêcher une trop grande pousse. « Si l’herbe est trop haute, précise-t-il, elle sera mal valorisée. Pour optimiser la levée, je passe les rouleaux juste avant et juste après le semis. Si l’eau est présente en quantité suffisante en été, ce mélange pousse toute l’année. » Même en conditions très sèches, Pierre-Yves Lairy continue à faire pâturer ses animaux pour utiliser les rejets. « Ces derniers sont également fauchés pour constituer une réserve pour l’hiver. Chez moi, rien ne se perd.»
Le menu vaches laitières adapté aux saisons
Février - Mars |
Mi-avril |
Mi-juin-été-automne |
Hiver |
Début pâturage + 15 kg de maïs (ensilage) |
Pâturage à volonté + 3 kg MS de maïs L’herbe non pâturée est fauchée et stockée |
La part du pâturage diminue, celle du maïs augmente |
Mélange 12 kg de MS de maïs + 4 kg de MS ensilage d’herbe + 4 kg de correcteur azoté (70 % soja, 30 % colza) et 500 g de paille (rumination) |
L'exploitation
- 86 ha : 32 ha de maïs, 32 ha de prairies (dont 12 semées) et 22 ha de blé ;
- 200 bovins dont 55 VL à 9 000 kg de lait/an ;
- Trois bâtiments de poulets label de 400 m2 chacun ;
- Trois « temps pleins » : Pierre-Yves Lairy, son épouse et un salarié.