Eleveur laitier avec un système fourrager intensif, c’est possible !
Mathieu et son épouse Christelle travaillent avec un système fourrager intensif. Ils montent en lait tous les ans et en quelques années, ils sont passés de 40 ares par vache à 20/25 ares par vache sans augmenter la surface en maïs ni les achats. C’est donc le travail sur leurs prairies qui leur a fourni les stocks nécessaires à cette intensification.
Des ray-grass dans toutes les parcelles
Le GAEC Gourlin-Lacaze de Mathieu et Christelle est composé de 100 vaches laitières, qui produisent 850 000 l de lait, avec seulement 100 ha de Surface Agricole Utile (SAU) dont 23 ha de maïs, 15 ha de prairies temporaires et 30 ha de prairies permanentes. Le maïs rend généralement entre 15 et 17 t Matière Sèche par hectare (MS/ha) tandis que les prairies rendent à peu près 8 t MS/ha, pâturage compris. Les prairies temporaires contiennent toutes des ray-grass : ray-grass anglais/trèfle blanc pour les parcelles de pâture, « même si on la fauche en fonction de la hauteur de l’herbe », dactyle/ray-grass anglais sur une parcelle en pente, caillouteuse et séchante, pour de la coupe et du pâturage. Un ray-grass hybride en mélange avec du dactyle et de la fétuque élevée pour une parcelle uniquement de fauche et une association ray-grass italien/trèfle violet pour ses dérobées, que M. Gourlin fait après ses escourgeons. Ils ont l’habitude d’apporter à leurs prairies temporaires 60 unités d’azote en trois fois sous forme de lisier et 100 unités d’azote sous forme d’ammonitrate 27.
« On peut faire de l’intensif avec des prairies : on a des ray-grass, des dérobées et on fait beaucoup de fauches précoces. On n’attend pas que ça pousse pour se demander si ça vaut le coup d’aller faucher. En fauchant tôt, on va chercher la qualité et la repousse sera de toute façon disponible, pour du pâturage ou une autre », explique Mathieu. Et la qualité des ensilages est au rendez-vous, puisque grâce à ces fauches précoces, leur valeur UFL (Unité Fourragère Lait) se situe tous les entre 0,9 et 1 et la MAT (Matière Azotée Totale) entre 15 et 19 %.
Le rendement, l’interrogation récurrente
L’inconnue reste néanmoins tous les ans le volume des fauches. Couvriront-elles les besoins du troupeau ? Car la première fauche de ses prairies fournit environ 3 t de Matière Sèche (MS) (en incluant les dérobées), alors que 15 ha de maïs fauchés peuvent rendre entre 15 et 17 t MS.
En 2016 pourtant, le volume n’a pas été un problème. La première fauche a eu lieu le 20 avril, avant les inondations. Les prairies ont repoussé très vite et Mathieu a fait une coupe deux semaines plus tard et une troisième coupe début juin. Il a également fauché puis enrubanné 4 ha de prairies permanentes pour éviter les pluies. Ses stocks ont été deux fois plus importants qu’en 2015. Cet excédent fourrager aurait dû lui permettre d’économiser les 200 tonnes de pulpes surpressées prévues chaque année. Malheureusement en 2016, c’est le l’ensilage de maïs qui n’était pas au rendez-vous, avec un rendement de seulement 13 t MS.
Objectif : sécurisation du volume
Cette situation exceptionnelle a fait évolué M. Gourlin dans sa réflexion sur son système fourrager. L’intérêt des coupes précoces a été encore une fois confirmé, et désormais, il veut vraiment aller chercher du rendement, en sélectionnant des espèces et en exploitant plus ses prairies permanentes. « Pour cela, j’aurai plutôt besoin d’un ray-grass hybride ou d’un ray-grass italien qui dure 2/3 ans. En fait, il n’y a pas besoin de beaucoup d’ensilage de maïs quand on a un ensilage d’herbe à 0,9 UFL. En plus, avec mes escourgeons, je récupère 10 t d’orge aplatie qui rentrent dans la ration. Mais après il ne faut pas que je me plante, je dois donc faire mon tonnage avec l’herbe. Et dans mes permanentes, il reste du potentiel : je pourrais les sursemer et également y envoyer les bêtes, car je ne fais que de la fauche pour le moment. Je pense que je pourrais gagner de 1 à 2 t MS/ha avec mes prairies » conclut Mathieu.