Des couverts et du pâturage pour sécuriser le système fourrager
Producteur d’agneaux dans le Tarn depuis peu en retraite, Jérôme Mahuzies avait adapté son système avant de transmettre son exploitation. Il a augmenté ses surfaces pâturages et implanté des couverts estivaux pour sécuriser les ressources fourragères de ses 530 brebis.
Avant de transmettre l’exploitation à son fils, Jérôme Mahuzies a été à la tête de 530 Lacaune viande sur 143 ha, dont 73 sont consacrés à l’alimentation du troupeau. Depuis une quinzaine d’années, l’éleveur note un manque d’eau en été. « Mais ça va en se dégradant, constate-t-il. A partir de juillet, les prairies sont grillées. Nous sommes obligés de rentrer les brebis ». L’éleveur a cherché à sécuriser son système fourrager pour passer plus facilement l’été. Pour ce faire, il a actionné plusieurs leviers.
Le premier a été d’implanter des couverts « pour pallier le manque de verdure en été ». Après des céréales récoltées immatures, Jérôme Mahuzies implantait des couverts qui seront pâturés en août-septembre. Ces couverts sont composés de trèfle d’Alexandrie, d’avoine diploïde et d’un peu de colza, pour l’appétence. « Pour sécuriser l’implantation et la production de ces couverts, il faudrait pouvoir stocker de l’eau en hiver pour les irriguer ».
Faire pâturer plus tôt, plus tard
Toujours pour sécuriser ses ressources fourragères, l’éleveur a aussi augmenté la surface pâturable pour que les brebis sortent plus tôt au printemps. « Ça permet d’économiser des stocks », souligne Jérôme Mahuzies. Le changement climatique a déjà des conséquences sur les périodes de pousse de l’herbe. Pour réduire les besoins en fourrages stockés, il est possible d’allonger le pâturage sur l’automne, voire l’hiver. Comme les brebis ont un faible impact sur les prairies, il faut les sortir au maximum. Au printemps, un pâturage tournant dynamique aide à bien valoriser l’herbe, sans gaspillage. Pour gagner en autonomie protéique et être moins soumis aux prix fluctuants des tourteaux, Jérôme Mahuzies a fait le choix d’implanter 35 ha de luzerne. Les trois premières coupes sont faites en foin et la 4e est pâturée.
Les fortes chaleurs estivales ont aussi un impact sur la santé des animaux. Les bâtiments doivent être adaptés pour les abriter au plus chaud de l’été. « On a une bergerie qui est froide l’été et chaude l’été, déplore Jérôme Mahuzies. On a de gros problèmes pulmonaires sur les agneaux. Il faudrait des améliorations pour continuer à produire les agnelages de juillet et août, sans trop de mortalité ». Les conditions estivales difficiles en bâtiment et le manque de ressources fourragères pourraient amener l’éleveur à revoir ses périodes d’agnelage. « Il faudrait grouper les agnelages en hiver pour profiter de la pousse de l’herbe, remarque Jérôme Mahuzies. Mais ça serait dommage de se priver de la plus-value qu’apportent les agneaux de contre-saison ».
Face au changement climatique, un programme de recherche pour trouver des solutions d’adaptation
Le témoignage de Jérôme Mahuzies a été recueilli dans le cadre du programme LiveAdapt. Ce programme européen a testé, de 2018 à 2022, des solutions pour aider à l’adaptation au changement climatique des systèmes de production animale extensif du Sud de l’Europe. Ce travail s’est fait avec des prévisions météorologiques à l’horizon 2050. Le niveau annuel des précipitations devrait être équivalent mais avec un creux plus marqué en été. Les températures seront en hausse. Cela sera particulièrement marqué en été, ce qui augmentera l’évapotranspiration. Le déficit hydrique estival devrait donc se creuser. Plus de détails sur en cliquant sur ce lien.