En Aveyron : Une conduite intensive pour plus d'autonomie en fourrage
Jean-Louis Joulié est éleveur de brebis laitières Lacaune en Aveyron, à Prades-de-Salars, pour la production de roquefort. Un système intensif, à base de graminés, dans une région vallonnée, de moyenne altitude, aux sols sensibles à l’érosion où la priorité est la production d’herbe.
La situation géographique de l’exploitation, l’attrait pour la technique et l’économie ont depuis plus de quinze ans déjà, incité Jean-Louis Joulié à raisonner le choix des emblavements et des différentes interventions réalisés sur les 115 ha de l’exploitation : 10 ha de céréales, le reste en prairies. « L’objectif est de « faire » du rendement, reconnaît-il. Pour cela, pas question de laisser des parcelles vides. Sur prairie aussi le choix des espèces, des techniques d’implantation, des dates de retournement… est capital. J’ai testé de nombreuses choses.
Depuis 15 ans par exemple, j’ai supprimé le labour et opté pour le semis direct afin de limiter l’érosion, diminuer le temps de travail et du coup le coût d’implantation. Désormais, nous introduisons du semis simplifié pour limiter le salissement des prairies et surtout, je pratique le sursemis, tous les deux ans (cf encadré). Côté semences, les graminées s’adaptent très bien à mes parcelles. Je mélange du dactyle, du ray-grass hybride et du ray-grass anglais qui associe, en poids, 40 % de dactyle, 40 % de ray-grass hybride tétraploïde et 20 % de ray-grass anglais demi-tardif diploïde. Dans les zones humides, je remplace un peu de RGA par de la fléole et dans les parcelles plus sèches, par de la fétuque élevée. Je n’implante pas de luzerne car dans mon système et mes conditions d’exploitation, les graminées s’adaptent mieux : elles sont faciles d’entretien, moins sensibles au gel printanier et réagissent bien à l’humus et à la fumure que nous épandons.
En moyenne, j’épands 20 tonnes de fumier/ha/an et 500 kg de chaux vive tous les ans. Ajoutez à cela 30 unités d’ammonitrate après chaque pâture ou chaque coupe de fourrage. L’impact du coût des semences n’est pas négligeable mais c’est un choix. Il est aujourd’hui plus intéressant de produire de la matière sèche avec ses prairies que de cultiver des céréales ou d’acheter du concentré. Je vise plus de 300 litres de lait par brebis et par an. Un rendement qui nécessite de raisonner la conduite des prairies : qu’elles soient pâturées ou récoltées pour ainsi, être autonome en fourrage ».
Le sursemis, plus économique que le retournement
« J’ai opté pour un regarnissage, tous les deux ans, avec une densité de 15 à 20 kg/ha. Une opération dont le coût du passage avoisine les 75 €/ha : bien moins que s’il fallait labourer puis ressemer. Pour ce faire, j’utilise un semoir porté Vredo, assez simple, bien adapté aux pentes et au sursemis puisqu’il ne détruit pas la structure du sol. Les disques positionnent la semence directement dans le sol à 0,5 cm de profondeur. Choisir le sursemis nécessite aussi davantage de technicité car il faut aller regarder, six mois à l’avance, l’état de la prairie et prévoir si besoin un désherbage. Mais au final, économiquement, cette stratégie est plus économique qu’un retournement ».