« Plus d’autonomie grâce à l’herbe, même sur mes sols séchants… »
« Sortir ou non les génisses cet été ? » Cette question, Bruno Lucien, éleveur de bovins-lait à Armentières, au tout début du pays de Bray (60), entend bien y répondre dans le mois qui vient.
L’arrivée tardive des vaccins de FCO l’an dernier a contraint Bruno Lucien à garder une partie de ses trente génisses à l’étable. « Et au final, elles ne s’en sont pas mal portées.» La prairie de 2 ha qui jouxte les bâtiments a pu être mieux utilisée par les 42 laitières. Il repense toute l’organisation de ses prairies, avec pour fil conducteur la recherche d’autonomie.
Chacune des étapes qu’il franchit sur l’exploitation familiale, reprise en octobre 1997, s’accompagne d’une évolution du système fourrager et d'une réflexion sur les prairies à semer. Les contraintes sont claires : forte pousse de l’herbe en mai-juin ; sensibilité importante des fourragères à la sécheresse sur un sol sableux profond qui ne retient pas l’eau et donc incertitude sur la quantité d’herbe l’été. « Je veux conduire mon exploitation plutôt d’une manière extensive, et surtout autonome » explique l’éleveur picard.
En ligne de mire : une réduction des achats d’engrais, de maïs et de soja. Pour les engrais, Bruno Lucien envisage, sous réserve d’une confirmation de ses conseillers, de semer des légumineuses. « Avec un bon hersage et un ébousage, on arrive à faire des choses bien », complète-t-il. A terme : pour assurer une bonne productivité, il envisage de ressemer davantage de prairies. Mais, là encore, en s’entourant des avis de ses conseillers.
L’exploitation
1997 : reprise à 28 ans de la ferme familiale (50 ha ; quota de 150 000 litres).
2009 : 73 ha et un quota de 270 000 litres. 47 ha de prairies, dont 9,5 ha semées ou ressemées ; 28 ha de blé et de maïs.
Les prairies
Une parcelle « stratégique » de 2 ha, à proximité directe du bâtiment de la ferme et passage obligé pour le troupeau laitier ; semis de dactyle, pour sa résistance à la sécheresse, un peu de fétuque et de trèfle.
Deux parcelles de fauche, l’une, de 3,5 ha semée dès la reprise de la ferme, en fétuque (appréciée pour sa fibre longue qui facilite la rumination du maïs). Le rendement, de 6 t/ha pour la 1ere coupe et 2-3 t/ha pour la seconde au début, a sensiblement diminué, ce qui amène Bruno Lucien à envisager un sur-semis.
L’autre, de 4 ha, était très abîmée. Elle a été semée, fin août-début septembre 2006, en RGA (25 kg/ha) et en dactyle (5 kg/ha). Le semis n’a pas bien pris sur un tiers de la parcelle, d’où un sur-semis en 2007 avec la même variété de RGA et du trèfle violet. En 2008, 45 tonnes ont été récoltées sur les 4 ha. « Le résultat sera sans doute aussi bon en 2009 », estime Bruno Lucien, qui n’y a apporté que 40 unités d’ammonitrate.