Assurer les stocks avec l’association méteil/prairie
À l’occasion de l’acquisition d’une nouvelle parcelle, Régis de Barmon a implanté une prairie sous couvert de méteil. Une première récolte lui a permis de réajuster la composition des mélanges semés.
En 2017, Régis de Barmon, agriculteur à Fégréac en Loire-Atlantique, récupère 30 ha de prairie à proximité de son exploitation. « Une partie était complètement morte. Il y avait tout sauf de l’herbe qui poussait dessus. J’ai décidé de la retourner progressivement pour la ressemer en commençant par la partie la plus endommagée, raconte l’agriculteur. Mon conseiller Chambre m’avait parlé de la technique du semis sous couvert de céréales. Je voulais conforter mes stocks de fourrage, alors je me suis dit pourquoi pas ».
Aussitôt dit, aussitôt fait, il implante 6 ha avec cette technique dès l’automne 2017. Pour cet éleveur de vaches limousines en système extensif entièrement herbager, récolter du méteil en enrubannage l’année d’implantation de la prairie est une occasion de renforcer la sécurité de son système fourrager. Sur son exploitation de 170 ha, dont 17 ha en prairie temporaire, il compte une centaine de vêlages avec un atelier d’engraissement des femelles. Chaque parcelle est pâturée au moins une fois dans l’année. Les vaches allaitantes et les lots avec veaux d’automne restent dehors même l’hiver. Seules les génisses 1er et 2ème âge rentrent en bâtiment. Les animaux sont nourris au foin à volonté et avec de l’enrubannage en plus pour les lots d’automne et les génisses. Les stocks de fourrage sont un point stratégique de l’exploitation. « Une année, j’ai fini avec 2 bottes de foin et 10 bottes d’enrubannage, c’était vraiment court » se souvient Régis de Barmon.
Avec le semis de prairie sous couvert de céréales, le résultat est là. Environ 6,5 tonnes de matière sèche par hectare (t MS/ha) ont été récoltées sur le mélange céréales/protéagineux mi-mai. À ce résultat s’est ajouté un enrubannage d’herbe mi-juillet et un pâturage à l’automne qui ont porté à 10 t MS/ha la production de la parcelle pour la première année d’implantation. Pour les années suivantes, l’exploitant a prévu d’exploiter l’herbe en foin. Le caractère séchant des terres qu’il a récupérées lui permet d’envisager une production de qualité sur ce type de récolte.
Des adaptations la deuxième année
Pour implanter sa prairie, M. de Barmon a fait le choix de la fétuque élevée qu’il juge adaptée à ce caractère séchant. « C’est un investissement sur plusieurs années » précise-t-il. Elle est semée à hauteur de 17 kg/ha avec 8 kg/ha de ray-grass anglais. Ce dernier a vocation à assurer la première année de production de la prairie pour compenser la durée d’implantation plus longue de la fétuque. Le mélange comprend également 5 kg/ha de trèfle nain, rampant et agressif. Présent en petite quantité, il est destiné à combler les trous pour éviter le développement des adventices.
La prairie a été implantée l’après-midi qui a suivi le semis du méteil. Ce dernier se composait de 140 kg/ha de triticale et de 60 kg/ha de pois. « Avec le recul, je pense qu’on a mis trop de triticale. On a cru que certaines prairies avaient complètement disparues après l’enrubannage du méteil. Ça a été le cas pour les trèfles dans certaines parcelles » regrette l’éleveur. Pour la deuxième tranche de 6 ha implantée cette année, il a décidé de réduire la dose à 100 kg/ha de triticale.
Dans les champs, la céréale a compensé par un tallage plus important, évitant ainsi les trous et le salissement rendu possible par le semis en ligne du mélange prairial. « On a semé au 15 octobre. Notre conseiller chambre a vraiment insisté sur cette date pour réussir l’implantation simultanée de la prairie et du méteil. La prairie a été semée en superficiel. J’ai quand même dû rouler 2 ou 3 fois selon les parcelles pour bien mettre le mélange prairial, semé en superficiel, au contact de la terre. Ça a aussi permis de bien aplanir pour éviter les problèmes de limaces » décrit Régis de Barmon. Pour la récolte 2019, il prévoit d’enrubanner le méteil plus tôt pour éviter de perdre en qualité protéique et moins impacter la prairie. « Il faudra peut-être ajouter de la vesce pour augmenter le taux de protéines » ajoute-t-il.