Réussir le pari de s’adapter et de lutter contre le réchauffement climatique
Parce que chacun peut apporter sa pierre à l’édifice dans la lutte face au changement climatique, Emile Fabries, éleveur dans le Tarn, a décidé de mettre en place des pratiques limitant les émissions de gaz à effet de serre et augmentant le stockage de carbone.
Installé depuis 2001 sur 120 ha dans le Tarn, Emile Fabries élève 600 Lacaune viande et 50 Rouge de l’Ouest. Ses agneaux sont commercialisés sous le label rouge Agneau fermier des Pays d’Oc. L’éleveur constate déjà les impacts du changement climatique. « La hausse des températures dès le printemps a avancé la date des fenaisons que 15 jours en moyenne », remarque Emile Fabries. Il voit aussi augmenter le besoin de stocks fourrages à distribuer en été. « Les brebis sortent plus tôt au printemps mais passent plus de temps en bâtiment l’été, souligne l’éleveur. Elles ne ressortiront à l’automne que quand il aura suffisamment plu pour faire repartir l’herbe ».
Face à ces conséquences du changement climatique, l’éleveur a décidé d’adapter ses pratiques pour limiter ses émissions de gaz à effet de serre et stocker plus de carbone. Il a augmenté ses surfaces en luzerne, qui atteignent désormais 20 ha. « La luzerne résiste bien à la sécheresse et n’a pas besoin d’azote. Je produis également de la féverole. Ça me permet d’augmenter mon autonomie protéique tout en consommant moins d’engrais », partage Emile Fabries.
Diversifier les ressources estivales
Le passage en zone vulnérable en 2012 a poussé Emile Fabries à arrêter le labour et à implanter des couverts pour capter les reliquats azotés, enrichir le sol et stocker du carbone. « Je fais du sorgho parce que ça sort de bons rendements et que ça repart dès qu’il pleut, souligne le producteur ovin. Avec de la phacélie qui a un système racinaire qui structure le sol ou du sarrasin, ça pousse pendant l’été ». Néanmoins, l’éleveur reconnait que l’implantation des dérobées reste délicate du fait du manque d’eau en été.
Les épisodes de fortes chaleurs ont aussi des conséquences sur la santé des animaux. Les canicules peuvent être difficiles à gérer pour des animaux en bâtiment. « J’ai isolé le toit de la bergerie pour gagner en confort thermique en hiver comme en été », partage Emile Fabries. Pour continuer à avoir des agnelages en été, l’éleveur envisage d’installer des ventilateurs pour abaisser la température ressentie par les animaux.
Face au changement climatique, un programme de recherche pour trouver des solutions d’adaptation
Le témoignage d’Emile Fabries a été recueilli dans le cadre du programme LiveAdapt. Ce programme européen a testé, de 2018 à 2022, des solutions pour aider à l’adaptation au changement climatique des systèmes de production animale extensif du Sud de l’Europe. Ce travail s’est fait avec des prévisions météorologiques à l’horizon 2050. Le niveau annuel des précipitations devrait être équivalent mais avec un creux plus marqué en été. Les températures seront en hausse. Cela sera particulièrement marqué en été, ce qui augmentera l’évapotranspiration. Le déficit hydrique estival devrait donc se creuser. Plus de détails sur en cliquant sur ce lien.