Produire des protéines sur les prairies
Toute source de protéine est bonne à prendre. Naturellement l’herbe en produit, encore faut-il pour valoriser cette production exploiter les prairies au bon stade et bien gérer la fertilisation azotée.
Savoir valoriser l’existant
Pour produire des protéines sur les prairies, il faut en premier lieu valoriser l’existant avant de chambouler l’assolement et l’organisation du travail. Pour cela :
Récolter au bon stade. Plus on récolte tôt, meilleure est la valeur, mais au détriment du rendement.
Le compromis entre rendement et qualité se situe généralement entre les stades « épi 10 cm » et « début épiaison ». La valeur protéique évolue différemment pour une même plante à un stade donné si la plante est consommée en pâturage, ensilée à 33% d’humidité, enrubannée à 55% ou si elle est fanée en bonne ou mauvaise condition.
Les rythmes d’exploitation rapide permettent de valoriser la qualité des jeunes pousses. Plus le rythme est rapide plus l’herbe est riche en protéines. Par exemple, on gagne 20 points de PDIN et 7 points de PDIE sur des repousses de RGA de 4 semaines par rapport à des repousses de 6 semaines. De la même manière, on constate que les variétés plus souples d’exploitation « ralentissent » l’évolution du fourrage, ce qui laisse plus de souplesse à l’éleveur pour récolter un fourrage de bonne valeur.
L’optimisation du pâturage permet de diminuer le coût de la ration et d’éviter les pertes de qualité dues à l’évolution des fourrages pendant la dessiccation.
Le choix des variétés récentes lors du renouvellement des prairies permet de bénéficier du progrès génétique et de sécuriser l’approvisionnement en fourrage de qualité.
Quelle fertilisation azotée ?
Raisonner la fertilisation azotée est nécessairepour respecter l’équilibre protéines/énergie indispensable à la performance de l’animal et au bon fonctionnement du rumen. La fertilisation azotée a une influence sur la valeur alimentaire de l’herbe. L’apport d’azote entraine une baisse du taux de matière sèche par l’augmentation de la teneur en eau, une hausse de la MAT et une modeste amélioration de la digestibilité.
En absence de fertilisation azotée, la teneur en MAT de l'herbe dépend d'abord et surtout de la fourniture d'azote par le sol, et plus localement, de la restitution d'azote par les déjections des animaux.
L'augmentation de la teneur en MAT de l'herbe sous l'effet de la fertilisation azotée s'accompagne d'une baisse de la part d'azote protéique au profit de l'azote non protéique, qui s'accumule dans la plante sous forme de nitrate. Les sucres solubles quant à eux voient leur teneur baisser dans la plante avec l’augmentation de la fertilisation.
Alors que la valeur des PDIE varie peu sous l’effet de la fertilisation azotée, celle des PDIN y est très sensible. Cela peu devenir un facteur limitant et être préjudiciable, car en cas d’excès l’équilibre des rapports protéines/énergie est perturbé et la digestion microbienne est moins efficace.
En résumé
- une trop forte fertilisation nuit à l’équilibre entre PDIN et PDIE, qui est indispensable à la flore microbienne, tout en diminuant la quantité de fourrage ingéré (l’augmentation de la richesse en eau limite les quantités ingérées) ;
- une fertilisation insuffisante induit des chutes d'ingestion, conséquence d'une digestion microbienne moins efficace ou d'un niveau d'apport PDI insuffisant. Pour conserver les performances des animaux il faut alors diminuer le chargement dans les parcelles.