2 000 € de gagnés en récoltant 15 jours plus tôt
Conseiller élevage à l’EDE du Gers (Etablissement Départemental de l’Elevage), Joël ABADIE insiste sur la qualité des fourrages : la récolte de l’herbe au bon stade est déterminante et se traduit par des économies importantes sur le poste d’achat d’aliments. Les éleveurs ont conscience de ce principe, mais pas forcément des proportions que cela peut prendre.
« J’utilise une simulation de ration dont la première variable est la date de récolte. Elle met en évidence l’incidence de la date de récolte du fourrage, et donc la qualité sur la charge économique de la ration. »
Les tableaux ci-dessous donnent des exemples de rations offrant des performances équivalentes pour un troupeau de 50 VA et 120 j d’hivernage.
La lecture de ces tableaux requiert les éléments de précisions suivants
- le principe de raisonnement : niveau de besoin couvert par la ration de base en fonction de la consommation liée à la valeur d’encombrement du fourrage grossier ;
- les besoins des animaux sont calculés pour des vaches allaitantes de 650 à 700 kg en lactation ayant une capacité d’ingestion de 15 UEB ;
- les ensilages de RGI sont non préfanés. Les valeurs à la récolte correspondent au stade « début épiaison » pour la récolte au 15/04 et au stade « fin épiaison, début floraison » pour la récolte au 01/05 ;
- les coûts de production sont hors main d’œuvre pour les fourrages (ensilage et foin) ; ils sont basés sur des références locales en considérant la première coupe récoltée (70 % de l’herbe produite sur l’année, 5 T MS/ha) et les suivantes pâturées.
- frais de culture : 170 €/ha/an x 70 % = 120 €/ha soit 25 €/TMS,
- frais de récolte en foin : 200 €/ha soit 40 €/TMS,
- frais de récolte ensilage : 300 €/ha soit 60 € /TMS,
Valeur marchande début 2011 :
- pour le maïs = 200 €/T,
- le tourteau de soja = 360 €/T.
Avec cet exemple, on observe que pour combler les besoins des animaux en énergie et en protéines il est indispensable, en récoltant 15 jours plus tard (2nd tableau), d’avoir recours à un complément azoté de type tourteau de soja. En prenant la première option, celle de la qualité, la ration comble les besoins sans avoir recours à des correcteurs. Ceci à une incidence directe sur le coût de la ration journalière qui passe de 1,01 € à 1,33 € par animal. Cet écart rapporté à l’échelle du troupeau sur les 120 jours d’hivernage entraîne une différence significative de près de 2 000 € !
En comparant ces deux exemples de rations, on prend conscience de l’intérêt d’avoir un fourrage de qualité en quantité suffisante : la qualité de l’herbe détermine le coût de la ration.