Pour vos brebis, mettez du plantain dans les prairies pour gagner en productivité
Des éleveurs de la Haute-Vienne se sont intéressés à l’exploitation du plantain, dans les prairies, avec un bilan plutôt concluant dans le cadre d’une exploitation précoce des parcelles. Les ovins ont présenté une note d’état très positive, malgré un parasitisme toujours présent.
L’idée est venue de Nouvelle-Zélande, ce pays si herbager, « grâce à une photo où des agnelles pâturaient de la luzerne avec du plantain », explique Danièle Barataud, conseillère PRDA de la chambre d’Agriculture de Haute-Vienne. « Le plantain fait le travail de la graminée et il n’y a pas de météorisation contrairement à ce que ce type de couvert pourrait laisser imaginer du fait de la richesse en légumineuses. De même, les brebis ne présentent pas de diarrhées », continue-t-elle. À côté de cela, la croissance des animaux est meilleure. « Des expérimentations existaient déjà concernant l’appétence de la plante, plutôt bonne même si une période d’adaptation pour les animaux peut s’observer, ou sa productivité également intéressante », observe Danièle Barataud. Fort de ces premiers éléments, des éleveurs se sont lancés dans l’expérimentation de ce type de couvert en Haute-Vienne, au sein d’un Groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE). Leur volonté était de travailler sur les plantes riches en tanins. « La chicorée est une plante du même ordre mais son itinéraire technique est plus compliqué aussi avons-nous préféré travailler sur le plantain, qui dans nos conditions pédo-climatiques est plus facile à conduire », avance Danièle Barataud. Au début le plantain a été intégré dans des prairies de longue durée (plus de 4 ans). Il représentait environ 20% des espèces prairiales présentes, avec un rendement total de 8,6T MS/ha (2018).
Une exploitation précoce pour durer dans le temps
« Certaines conduites vont aider le plantain à se maintenir pendant plusieurs années et d’autres plutôt à le faire disparaître dès la deuxième année. Il subit la concurrence avec les graminées. Il se fait devancer et disparaît, d’où l’importance d’une exploitation précoce de la prairie », rapporte Danièle Barataud. Le mélange GVA, dont l’objectif est d’obtenir 50% de légumineuse et 50% de plantain dans la prairie, a été déterminé par essais-erreurs au sein des groupes locaux de développement (GVA) de Mézières et Bellac (87). Mais il a convaincu Danièle Barataud : « Le niveau de productivité de la prairie est meilleure (14,6 T de MS/Ha en 2018) et les animaux ne sont pas malades. La prairie, avec une conduite précoce de fauche ou pâturage (avril-mai), se maintient jusqu’à six ans contre trois ans pour un mélange plus classique de type comparable comme le Ray-grass hybride-Trèfle violet. Son implantation a un coût mais je ne connais aucune autre prairie qui rende ces services-là ». En effet, les éléments bioactifs du plantain se comportent comme le tanin condensé et « engluent » certaines protéines au niveau du rumen. Ces dernières seront digérées plus tard au niveau de l’intestin, entrainant un produit de dégradation plus intéressant pour l’animal. Par ailleurs, il semblerait que les larves de strongles soient aussi engluées impliquant un ralentissement de leur développement. « On observe des animaux en super état, avec un gain moyen quotidien (GMQ) de plus de 300g, pourtant toujours aussi excréteurs de parasites. C’est un peu comme si l’animal vivait mieux son parasitisme », analyse Danièle Barataud.
Finir des agneaux à l’herbe
Ce mélange GVA permet, selon elle, de pouvoir finir des agneaux à l’herbe, « ce qui reste difficile à faire ». Il convient aussi bien aux agnelles de renouvellement qu’à des brebis en lactation. Ce mélange certes se pâture et se fauche, avec les limites que comporte toute fauche de légumineuses (degré d’humidité lors de la récolte, pertes). L’implantation du plantain est bonne surtout dans des terrains à tendance acide comme en Limousin. « Des collègues du Lot, sur des terrains plus calcaires, me disent que l’implantation est plus compliquée. Le plantain reste assez souple mais il sera sensible à un excès d’eau ou de sécheresse. Ce n’est pas du chiendent ! En conditions séchantes, dans nos mélanges, il s’étiole après les graminées et dès qu’un retour de pluie arrive, il est la première plante à repartir, avant même les légumineuses », rappelle Danièle Barataud. En termes de coût, pour du plantain dans une prairie longue durée, il faut compter 140€/ha et pour un mélange GVA environ 180€.
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Plantain |
Luzerne |
Trèfle violet |
Trèfle blanc géant |
Trèfle blanc intermédiaire |
semis de printemps |
5 kg/ha |
15 kg/ha |
2 kg/ha |
3 kg/ha |
3 kg/ha |
Semis d'automne |
5 kg/ha |
12 kg/ha |
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Sans luzerne |
5 kg/ha |
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3 kg/ha |
3 kg/ha |
3 kg/ha |
La luzerne ne s’implante pas partout aussi, au printemps, pour sécuriser la production, différents trèfles sont rajoutés dans le mélange. En revanche, les trèfles peuvent vite entrer en concurrence avec la luzerne. Dans ce sens, à l’automne, comme la luzerne a plus de mal à s’implanter, aucun trèfle n’est ajouté dans le mélange.