Faire pâturer des prairies riches en légumineuses, un choix gagnant en élevage laitier
Pour augmenter ses ressources fourragères estivales et gagner en autonomie protéique pour son troupeau laitier, le centre d’élevage de Poisy (74) pratique, depuis 2015, le pâturage de prairies riches en légumineuses.
Cultiver des prairies à base de légumineuses est un des leviers vers l’autonomie protéique. De plus, les légumineuses, en particulier la luzerne, supportent plutôt bien les épisodes de sécheresse. Elles aident donc à sécuriser la production fourragère en été et à allonger la période de pâturage, tout en augmentant les stocks de fourrage grâce aux fauches de printemps. Avec quelques précautions, le pâturage de ces parcelles riches en légumineuses est possible. C’est ce qui est pratiqué au centre d’élevage de Poisy, centre de formation et de ressources pour l’élevage laitier de montagne, depuis 2015 pour ses 75 laitières. « Nous avons, de plus en plus souvent, des étés secs et chauds. Cela nous a fait réfléchir à nos implantations de prairies pour avoir plus de stock sur pied l’été, plus d’azote par les fourrages, retrace Adeline Allard, responsable R&D du centre d’élevage de Poisy. Nous avons donc misé sur de la luzerne pâturée ».
Une ressource fourragère intéressante
Dans le cadre du projet Cap Protéines, cette pratique a été suivie et analysée sur deux campagnes. La luzerne est implantée pour 3 ans, en association avec des graminées pour accroitre sa longévité, limiter son salissement et accroitre la densité du couvert. Une parcelle de 3,6 ha a été divisée en deux paddocks pour tester une association luzerne/dactyle et une association luzerne/fétuque à feuilles souples. Sur la campagne 2021, les deux parcelles ont été fauchées en début d’été. Celle avec le mélange luzerne / dactyle a été fauchée une seconde fois au mois d’août. A partir de la mi-août, les deux parcelles ont été pâturées 3 fois par les 75 laitières.
Comme les luzernes étaient pâturées à un stade précoce, les valeurs alimentaires étaient très bonnes : 262 g de MAT/kg MS pour le mélange luzerne et dactyle, 239g pour celui de luzerne et fétuque. La composition botanique a évolué au fil de la saison. La part des graminées a augmenté à partir de l’automne, avec le retour des pluies et la baisse des températures.
Quelques précautions pour un pâturage réussi
Aucun problème sanitaire, ni impact sur les performances de reproduction n’a été observé lors du pâturage de luzerne. De même, la production est restée stable en quantité et en qualité. Néanmoins, pour limiter les risques de météorisation, le pâturage de légumineuses demande quelques précautions. « Nous alternons la pâture de luzerne avec, la nuit, une parcelle plus riche en graminées, explique Adeline Allard. De plus, les vaches n’arrivent pas dans la luzerne la panse vide. Elles ont déjà eu du foin ou des betteraves, du concentré énergétique après la traite. Comme elles ont accès à l’ensemble du paddock, ça limite les risques d’ingestion trop rapide ». L’ingestion sur la parcelle de luzerne représentait de 13 à 20% de leur ingestion quotidienne. Jusqu’à la mi-septembre, l’apport azoté s’est fait uniquement par le pâturage des prairies riches en légumineuses. Au centre d’élevage de Poisy, la luzerne permet d’allonger la saison de pâturage, alors que les conditions séchantes en été limitent la croissance des graminées. La luzerne assure un apport azoté non négligeable, qui permet de se passer de correcteur azoté sur une partie de la saison de pâturage. Avec une ingestion limitée à 20%, les risques sanitaires ont été maitrisés. Les travaux se poursuivent, notamment pour évaluer l’impact sur le cout de la ration et sur la marge alimentaire.
Pour augmenter ses ressources fourragères estivales et gagner en autonomie protéique pour son troupeau laitier, le centre d’élevage de Poisy pratique le pâturage de prairies riches en légumineuses.