Les avantages du pâturage mixte entre espèces animales
Il existe peu de références techniques sur le pâturage mixte. Dilution du parasitisme, meilleure valorisation des ressources fourragères, diminution des intrants seraient des effets bénéfiques issus de cette pratique. Dans les faits, les résultats sont plus mitigés.
Le pâturage mixte entre ovins-bovins ou bovins-équins n’a pas encore livré tous ses secrets, comme le montrent des résultats de recherches, présentés lors d’une journée sur le pâturage organisée par l’UMT SeSAM*, le 1er octobre à Chamberet (19). Ainsi Bernard Spechat, chercheur à l’Inrae, reconnaît à la suite d’une expérimentation, en agriculture biologique, portant sur de l’engraissement à l’herbe de jeunes bovins (JB) associé à des moutons, que « l’on observe un changement de flore dans les parcelles mais que cela n’a pas été encore quantifié. Par exemple, avec l’arrivée des ovins, la présence des genêts à balai a diminué ». Pour cette expérimentation, les JB sont issus de croisement de race Angus et Salers, deux races choisies pour leur capacité à valoriser les fourrages et à déposer précocement du gras. Les ovins étaient croisés Suffolk et Limousin. « Il n’y a pas eu d’effets sur les bovins du pâturage mixte. Les poids se montaient à 240-270kg C, avec un gain moyen quotidien (GMQ) naissance-sevrage de l’ordre de 1000g/jour, sans apport de concentré », observe Bernard Spechat. Ce type d’animaux se valorise très bien en circuit court, moins en filière conventionnelle. Par contre, pour les ovins, « nous avons observé une baisse du parasitisme, avec une prise de poids plus rapide. Seuls 20% des agneaux ont été finis en bâtiment ».
La mixité bovins-équins entraîne une hausse du chargement
De son côté, Géraldine Fleurance, ingénieure de recherche à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), a présenté les résultats d’une étude auprès d’éleveurs pratiquant le pâturage mixte entre bovins et équins. « La mixité permet d’augmenter le chargement sur les surfaces pâturées. Une diminution de l’entretien mécanique et de la fertilisation est observée, mais il existe une grande variabilité entre les systèmes », rapporte-t-elle. Les éleveurs utilisent autant les antiparasitaires et ne font pas de coproscopies. Difficile donc de se rendre compte d’un effet réel sur le parasitisme, même si, pour Géraldine Fleurance, au final, il n’y a pas eu « de dilution de la charge parasitaire pour les équins » (autant de larves infestantes près des crottins). « Aucun problème de comportement n’a été observé entre les espèces. Les génisses étaient écornées, souligne Géraldine Fleurance. Il n’y a pas eu d’amélioration du couvert alors que l’on espérait que les bovins pâturent les zones épiées et sèches, refusées par les chevaux. » Selon elle, la mixité se raisonne en fonction du mode de conduite du pâturage et des besoins des animaux (travail, âge, race, etc.). Elle pointe du doigt la charge de travail importante en lien avec l’activité équine, entrainant « des systèmes très tendus ». A l’avenir, selon elle, il s’agira de trouver « des combinaisons de modes de conduites du pâturage et de ratios bovin/équin qui fournissent le meilleur équilibre entre performances animales et intégrité de l’écosystème ».