Un nouveau système d’alimentation pour des rations plus performantes
Depuis 2007, date de la précédente actualisation, la connaissance du fonctionnement ruminal a beaucoup progressé. L’INRAE a donc mis à jour son système d’alimentation pour des rations calculées au plus juste des performances attendues. Les nouvelles connaissances commencent à se diffuser.
En 2018, l’INRAE a revu le système d’alimentation qui sert de base au calcul des rations. Cette révision permet d’augmenter la précision des apports, du calcul des besoins et des réponses des animaux, pour une meilleure efficience des rations et une diminution des rejets d’azote et de méthane. Depuis la mise en service de la 5e version du logiciel INRAtion et au fur et à mesure que les analyses de fourrages sont faites sur ces bases, ce nouveau système est utilisé par les conseillers en élevage.
Tenir compte des interactions
La grande nouveauté de cette version est d’aller plus loin qu’une simple logique d’additions des valeurs alimentaires de chaque composant de la ration, pour tenir compte de leurs interactions métaboliques et digestives. Désormais la valeur d’un aliment dépend de la ration dans laquelle il se trouve et de l’animal qui l’ingère. Des facteurs comme la vitesse de transit, le pH du rumen et le niveau d’azote disponible pour le microbiote ruminal jouent sur la valorisation de la ration. La proportion de concentrés impacte aussi la valorisation. Quand la proportion de concentrés augmente, les aliments sont moins bien digérés dans le rumen, ce qui limite l’énergie disponible pour la production. Le niveau d’ingestion est le principal facteur expliquant les interactions digestives. Quand le niveau d’ingestion augmente, la digestibilité de la matière organique diminue. En effet, le transit digestif est alors rapide. Les aliments sont moins bien digérés dans le rumen. Les pertes d’énergie par voie fécale augmentent. Ce qui a un impact sur la valeur de la ration réellement disponible pour la production. Toutes ces interactions digestives sont prises en compte dans le calcul du rationnement.
Comme le rumen joue un rôle central dans la digestion, la Balance Protéique du Rumen est le nouvel indicateur clé du raisonnement de sa ration. Elle traduit l’équilibre énergie/azote du rumen. Cet équilibre est nécessaire au bon fonctionnement des microbes du rumen. Pour une ration équilibrée, on recherche une BPR proche de 0.
Ajustement des valeurs et besoins
En plus de cette nouvelle approche, un certain nombre de paramètres ont été ajustés. Entre autres, la valeur de l’UFL a été augmentée de 1700 à 1760 Kcal. Les valeurs de PDIN et PDIE ont été abandonnées pour le seul indicateur de PDI. Désormais, les concentrés ont une valeur d’encombrement de l’ordre de 0,3 UEL/kg MS. Cette valeur peut être modulée selon l’encombrement des fourrages et le ratio PDI/UFL de la ration. L’encombrement sera plus faible dans une ration à niveau de PDI par UFL élevé ou contenant des fourrages à encombrement élevé.
Ces nouvelles tables améliorent également la prise en compte du pâturage dans l’établissement des rations. Elles intègrent les conditions de pâturage (continu, tournant, temps d’accès…) pour améliorer les prévisions d’ingestion et mieux prendre en compte l’herbe pâturée dans l’équilibrage de la ration. Le calcul sera adapté selon les informations disponibles, par exemple, des mesures à l’herbomètre ou juste une appréciation visuelle de l’intensité de pâturage. Mais comme ce calcul tient compte des interactions entre aliments et de l’adaptation des besoins, on améliore la précision de la ration.
Cette nouvelle version a aussi été l’occasion de revoir les besoins des animaux. Ainsi, les besoins en énergie pour l’entretien ont été revus à la hausse de 19% pour une vache en stabulation. Les besoins en protéines tiennent compte du poids vit et de la quantité ingérée, comme dans les autres systèmes d’alimentation du monde. Ce qui a conduit à passer de 418 à 612g de PDI par jour pour une vache produisant entre 30 et 35 kg et ingérant 20 kg de MS. Les besoins productifs ont été peu modifiés. Ils ont été ajustés de 0,44 à 0,42 UFL par kilo de lait. Les besoins en PDI tiennent compte de l’efficience de la ration. Plus la ration est concentrée en PDI, plus l’efficacité de leur transformation est faible. Pour un kilo de lait à 32 de TP, le besoin en PDI peut varier de 42 à 55 g/kg de lait selon la concentration de la ration.
Des fiches pour vulgariser ces nouveaux principes
Pour débuter la vulgarisation de ce nouveau système, l'Institut de l'Elevage a publié en 2021 un ensemble de fiches détaillant les nouveautés et/ou améliorations d'INRA 2018 pour les principales productions de ruminants.
Vous pouvez les télécharger en cliquant sur ce lien.