Même en hiver, les génisses laitières grandissent bien au pâturage
Le changement climatique a déjà des répercussions sur la pousse de l’herbe. Si le creux estival est plus marqué, la pousse se poursuit plus longtemps à l’automne et même en début d’hiver. Avec un faible chargement pour ne pas abimer les prairies, le pâturage hivernal permet d’assurer à des génisses une aussi bonne croissance qu’avec de l’enrubannage.
Sur la période hivernale, des génisses gestantes de 19 mois auront la même croissance au pâturage que rentrées en bâtiments et alimentées avec de l’enrubannage. C’est ce qu’a montré une expérimentation de deux ans, sur la ferme expérimentale de Trévarez (29), menée dans le cadre du programme Cap Protéines. Dans cette zone au climat océanique, les automnes de plus en plus doux favorisent la pousse de l’herbe. En début d’hiver, il en reste encore à pâturer. Cette herbe peut être valorisée par des génisses de plus de 18 mois sans pénaliser leur croissance et leur objectif de taille pour un vêlage à 24 mois. Ce pâturage hivernal permet d’économiser des stocks, qui seront disponibles pour d’autres catégories d’animaux ou pour les périodes sans pousse d’herbe. En limitant le chargement, le pâturage hivernal ne compromet pas la repousse au printemps.
Herbe pâturée ou enrubannée, même croissance
Pendant les hivers 2021/2022 et 2022/2023, de novembre à février, les équipes de la chambre d’agriculture de Bretagne ont suivi des lots de 6 génisses Holstein devant vêler au printemps. Un lot était conduit en pâturage tournant sur des parcelles RGA-trèfle blanc. Ces parcelles servent, en pleine période de pousse, aux vaches laitières. En comparaison, un second lot était en stabulation et alimenté avec de l’enrubannage. Le pâturage ou l’enrubanné, selon les lots, était le seul aliment à disposition des génisses. En effet, le stock d’herbe de l’automne et la pousse hivernale, de 6 à 11 kg/ha/jour selon l’hiver, ont suffi à couvrir les besoins des génisses. Les génisses au pâturage ont consommé de 9,1 à 9,9 kg MS par jour, tandis que celles en bâtiment ont consommé 9,2 à 11,1 kg MS par jour.
De l’herbe de qualité
Avec 20% de MAT en moyenne, l’herbe pâturée en hiver comportait en moyenne 3% de légumineuses et était donc riche en protéines. Sa valeur énergétique était supérieure à celle de l’enrubannage. En effet, l’enrubannage avait une teneur de 13% de MAT sur le 1e hiver, de 12% le deuxième. L’herbe pâturée a été mesurée à 0.9 UFL/ kg MS alors que l’enrubannage n’a pas dépassé les 0,8. Les bonnes valeurs alimentaires de l’herbe pâturée ont permis une croissance de 900 g/jour. Ce qui est conforme aux objectifs, entre 850 et 950 g/jour, pour atteindre les 635 kg au vêlage à 24 mois. En stabulation, les génisses ont eu une croissance similaire.
En plus d’assurer de bonne croissance, ce pâturage hivernal a réduit le besoin en fourrage conservé. Sur les 3 mois d’essais, la conduite en pâturage a permis d’économiser 5 à 6 t MS d’enrubannage et plus de 3 tonnes de paille.