La finition des bovins à l’herbe, un défi à relever
En Limousin et dans le Massif Central plusieurs essais ont été menés sur l’introduction d’herbe dans les rations d’engraissement des bovins. Quels enseignements en tirer ?
Dans les systèmes herbagers du Massif Central et du Limousin, la finition des bovins à l’herbe est un objectif pour beaucoup d’éleveurs. Plusieurs essais d’engraissement menés par ARVALIS - Institut du végétal, l’INRAE de Theix dans le Puy-de-Dôme et la chambre d’agriculture de la Creuse ont permis de démontrer de bons niveaux de performances technico-économiques en matière de finition de jeunes bovins par l’introduction d’enrubannage d’herbe dans les rations.
En tout, pas moins de 18 régimes ont été testés sur de jeunes veaux mâles charolais et limousins. Avec des résultats concluants: si le seuil de 35 % d’herbe dans la ration semble être un maximum pour une ingestion optimale, la part de concentrés a pu être réduite de 25% dans le meilleur des cas. Attention toutefois, le fourrage distribué doit être de qualité supérieure: 0.8 UFV et > 12% MAT, et issu de prairies multi-espèces associant graminées et légumineuses. Selon de la proportion de ces dernières, la complémentation en azote doit être adaptée pour équilibrer la ration autour de 100 gPDI/UF.
L’expérience a permis de mettre en lumière une baisse significative des coûts alimentaires de 30 €/JB en moyenne pour les rations sèches. Avantage reste cependant aux régimes à base d’ensilage maïs avec un coût moyen supérieur de 34€/JB. Par ailleurs, si l’introduction d’herbe à volonté n’augmente pas la durée d’engraissement par rapport aux rations sèches et pour des poids vifs comparables, la même démarche dans une ration à base de maïs fourrage allonge la durée d’engraissement de 17 jours.
Dans le cadre d’une meilleure valorisation de l’herbe dans le département de la Creuse, deux lot de vaches ont par ailleurs été suivies sur un dispositif d’engraissement au pâturage tournant. Là aussi, l’expérience a montré des résultats zootechniques comparables à celles de rations d’engraissement “classiques”, moyennant la mise en place de temps séjours courts sur des paddocks à haut potentiel nutritif à la période de pousse de l’herbe, au printemps.
L’ensemble des résultats des ces différentes études sont consultables sur le site du cluster herbe Massif central.
L’avis de Matthieu Bousseyrol, conseiller technique indépendant intervenant auprès d’organismes de producteurs
“L’herbe est la ressource qui coûte le moins cher, mais en pratique elle n’est pas si simple à bien valoriser.”
“Oui, il est possible d’obtenir des résultats comparables à un engraissement à l’auge avec de l’herbe enrubannée ou ensilée, mais à certaines conditions seulement. Le fourrage doit être de très haute qualité, issue de prairies associant un mélange graminées-légumineuses riche en énergie. Pour obtenir un tel résultat, la conduite des prairies nécessite un suivi rigoureux. L’herbe est la ressource qui coûte le moins cher, mais en pratique elle n’est pas si simple à bien valoriser. Cela exige une technicité que tous les éleveurs ne possèdent pas. Par ailleurs, les valeurs nutritives évoluent très vite. Le paramètre récolte est déterminant. La fenêtre de chantier est réduite de mars à mai. Suivant les conditions climatiques, la qualité de l’herbe peut rapidement être dégradée. Cela peut vite se répercuter sur la croissance des animaux. La variabilité interannuelle d’un ensilage d’herbe est plus importante que celle d’un maïs. Il est plus compliqué d’obtenir une qualité constante. Il y a toujours davantage de variabilité sur les valeurs nutritives. Obtenir une qualité constante est beaucoup plus compliqué.”