Avantage économique aux systèmes pâturants

Avec un peu moins de lait mais un coût alimentaire bien inférieur, le bilan économique est meilleur dans le système pâturant que dans celui avec une alimentation basée sur le maïs. Deux systèmes qui ont été comparés à la station expérimentale de Trévarez (29).

Bien conduits, les systèmes laitiers basés sur le maïs comme sur le pâturage sont productifs et efficaces. Pour faire une comparaison objective de leurs performances techniques, économiques et environnementales, la station de Trévarez (29), ferme expérimentale de la chambre d’agriculture de Bretagne, a conduit en parallèle deux troupeaux de 60 vaches, au potentiel génétique équivalent. De 2010 à 2017, 60 hectares ont été attribués à chacun des troupeaux. Pour le premier, identifié S1, le système fourrager était basé sur une large part au maïs, qui occupait 46% de la SFP, et seulement 15 ares accessibles par vache. Le deuxième, nommé S2, reposait sur une valorisation maximale de l’herbe avec 40 ares accessibles par vache. Le maïs y représentait 28% de la SFP. Les deux troupeaux avaient des vêlages groupés sur deux périodes, mars à mai puis septembre à novembre.

De cette longue période de comparaison, il ressort que le système S2 est, certes, un peu moins productif mais son coût alimentaire plus faible lui permet plus de rentabilité. Quand la structuration du foncier est compatible avec le pâturage, le bilan économique est plus favorable à ce système.

Performances techniques

Dans le système S1 (maïs), les vaches ont produit en moyenne 8 162 kg de lait/an avec 118 g/kg de concentré par kg lait, pour 7 551 litres livrés*. Dans le système S2, ce sont 7 608 kg produits et 7 167 kg vendus par vache, avec 91 g de concentré/kg lait. Pendant la durée de l’essai, les vaches du système S1 ont produit en moyenne 554 kg lait/an de plus que celles du système S2 ; l’écart entre les deux systèmes a varié de 270 à 890 kg lait/an selon les années. Toujours dans le système maïs (S1), le TP a été supérieur en moyenne de 0,6 g/kg et le TB supérieur en moyenne de 0,8 g/kg.

Les poids, notes d’état corporel et taux de réforme ont été identiques dans les deux systèmes d’alimentation. Si le taux de réussite en 1e IA était meilleur dans le lot S1 (63,3% contre 55,1%), l’intervalle vêlage/IAF y était plus long. Au niveau santé, il y a plus de traitement contre les mammites et les boiteries en S1, mais plus de traitements pour des problèmes de reproduction en S2.

Performances environnementales

En s’appuyant sur l’outil d’évaluation environnementale CAP’2ER, les conseillers de la station de Trévarez ont évalué les performances environnementales des deux systèmes. Elles se sont révélées meilleures que celles observées dans le réseau d’élevages Inosys. Avec 31 personnes nourries par vache, les deux systèmes ont des performances nourricières identiques. Le lessivage potentiel est de 51 kg/ha en S1 (recours aux concentrés) contre 15 en S2 (surface importante de prairies qui favorise l’immobilisation de l’azote dans le sol). L’empreinte carbone nette est légèrement inférieure pour le S2 avec 0,81 kg éq. CO2 par litre de lait, contre 0,86 pour le S1.

Le système pâturant est plus autonome en protéines que S1 qui utilise plus de correcteur azoté pour équilibrer l’ensilage de maïs.

Performances économiques

En termes de produits vendus (lait, veaux, réformes), les deux systèmes apparaissent comme performants au regard des références régionales (Bretagne). Ils ne montrent pas de différence sur les frais généraux mais le système S2 (herbe) a moins de charges opérationnelles que le système S1 (maïs). Avec un coût alimentaire de 58 €/1 000 litres, contre 79 €/1.000 litres pour le S1, le S2 a dégagé en moyenne un revenu disponible de 110 €/1 000 litres, contre 82 €/1 000 litres en S1. Bien que la production laitière ait été supérieure de 300 à 500 kg/VL dans le système S1, le coût alimentaire bien moindre dans le 2e système permet, au final, une meilleure rentabilité. Pendant l’essai, l’EBE avant MO du système S2 a été supérieur tous les ans à celui du système S1. Et, pour ce système qui livre environ 400 000 L lait par an, l’écart de revenu a également toujours été favorable au S2, avec un écart cumulé de 48 000 €. Soit, à cheptel identique 11.250 € de plus dégagés par an par le système herbe (S2) pour rémunérer le travail et apporter de l’autofinancement.

Si l’organisation des parcelles offre suffisamment d’ares accessibles par vache alors un système pâturant est efficace économiquement. Il sera d’autant plus robuste, comparé à un système où le maïs est majoritaire, quand le rapport entre le coût du concentré et le prix du lait augmente.

* : une partie du lait a été donné aux veaux ou non livré suite au traitement de mammites.

vaches au pâturage

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