Betteraves fourragères : un concentré d’énergie pour les vaches laitières
Les betteraves fourragères permettent de produire plus d’UFL à l’hectare qu’un maïs. Incorporées dans la ration hivernale, elles réduisent un peu le lait mais augmentent les taux, pour une quantité équivalente de matière utile.
Est-ce que cultiver des betteraves fourragères est une solution pour gagner en autonomie sur la complémentation hivernale de ses vaches laitières ? Pour le savoir, la station expérimentale de Trévarez (1) a, durant deux hivers, comparé deux lots. Sur dix semaines, le premier a reçu 4 kg de MS de betteraves, le deuxième est resté sur une ration à base avec de l’ensilage de maïs à volonté et 4 kg MS d’ensilage d’herbe. Pour l’équilibrer à 95g de PDI/UFL, la ration a été complétée par un correcteur azoté (tourteau de colza).
Plus d’UFL à l’hectare
Les betteraves ont été implantées après une prairie, ce qui a aidé à contrôler le salissement, surtout en 2e année. En 2019, malgré un certain salissement, le rendement en matière sèche était supérieur de 25% à celui du maïs ensilage. En 2020, des levées échelonnées ont pénalisé le rendement. Dans la situation la moins avantageuse, le rendement des betteraves était, quand même, équivalent à celui d’un maïs ensilage. Il a atteint en moyenne 14 T de MS/ha. Avec des rendements en matière sèche équivalents, voire supérieurs, au maïs et de meilleures valeurs énergétiques, la culture de betteraves fourragères a permis une amélioration de 20% des UFL produites à l’hectare.
Autant de matière utile
L’incorporation des betteraves fourragères n’a pas eu d’impact sur l’ingestion, avec une substitution entre la betterave et l’ensilage de maïs. Le respect des transitions alimentaires a permis d’éviter les acidoses.
Sur les trois mois d’essais, une légère baisse de production a été constaté mais les taux ont augmenté, chez les multipares. L’incorporation des 4 kg MS de betteraves fourragères a entrainé un gain de 1,9g/kg de TB et de 1,6g/kg de TP, avec un TB de 44 et un TP de 32,5, mais une perte de 1 kg de lait par jour pour l’ensemble du troupeau, avec une production de 29,3 kg pour le lot témoin, contre 28,3 kg pour les vaches recevant des betteraves. Au total, la matière utile produite est assez stable. Au niveau économique, la baisse de volume a été compensée par l’augmentation des taux, avec un prix du lait majoré de 10€/1.000 litres.
Ramené à un troupeau de 75 vaches, le lot témoin a produit 544.000 litres et permis un produit lait de 235.031 €. Sur le même troupeau, avec une distribution de betteraves pendant trois mois d’hiver, avec la hausse des taux, le produit lait serait de 236.964 €. Par contre, les charges opérationnelles seraient plus élevées, 83.128€ contre 80.995€ pour le lot témoin. A 182€ près, les marges sont similaires.
Grâce à sa densité énergétique, la betterave fourragère complète bien des fourrages moins riches. Comme la quantité de matière utile reste stable, l’impact économique sur la marge de l’atelier est faible. Mais la culture de la betterave fourragère permet de diversifier les assolements et d’assurer les rendements dans les zones à aléas pour le maïs.
1 : basée dans le Finistère, la station expérimentale de Trévarez est rattachée à la chambre d’agriculture de Bretagne et fait partie du réseau F@rm XP.