Améliorer le revenu des éleveurs de bovins viande en augmentant le pâturage
Une large place pour le pâturage dans l’alimentation et la finition des bovins viande est bénéfique aux performances économiques et environnementales des exploitations en système allaitant.
Le réseau Inosys, réseau de l’Institut de l’élevage et des chambres d’agriculture qui élabore des références technico-économiques, s’est intéressé à l’impact du système fourrager sur la durabilité des exploitations en bovins viande. Se basant sur le cas type d’une exploitation naisseur-engraisseur avec 70 vaches allaitantes sur 85 ha de SAU, 4 systèmes fourragers ont été comparés. Dans le système « maxi stock », les vaches et génisses sont finies à l’auge, les veaux d’automne ne sortent pas au printemps. 28 ha sont consacrés au maïs et aux céréales. Dans le système « semi-intensif », il n’y a plus que 22 ha pour le maïs et le blé. Les vaches et génisses sont aussi finies à l’auge. Les broutards d’automne ne sortent pas au printemps. Dans le système « sans maïs », tout est en herbe sauf 12 ha pour de la luzerne et un mélange triticale/pois, tous les veaux d’automne sortent au printemps, 9 vaches sont finies au pâturage. Ce qui est aussi le cas dans le système « sans RGI » dans lequel on retrouve 17 ha de maïs et blé. Tous les veaux d’automne sortent à l’automne.
À comparer les performances technico-économiques de ces 4 systèmes, il apparait que pour augmenter la part de pâturage, il faut réduire le chargement, donc les cultures de vente pour privilégier les prairies. En contrepartie, cela permet de réduire jusqu’à 25% les volumes de fourrages stockés. Dans le système « maxi stock », 2,92 T MS sont stockées par UGB, alors que dans le système « sans maïs », il n’y en a que 2,18 T MS. Mais le système « sans maïs » est celui qui consomme le plus de concentré, avec 790 kg/UGB contre 560 kg dans le système « sans RGI ».
Les stocks reviennent chers
Au niveau économique, la comparaison des 4 simulations montre que le système basé sur le pâturage est plus performant que le « maxi stock », malgré la vente de céréales en plus. En se basant sur un prix du blé supérieur à 200€/tonne en 2023, l’EBE est supérieur de 8.140 € dans le système « sans maïs » par rapport à celui « maxi stocks », ce qui permet une rémunération de 1,48 SMIC par UMO, contre 0,97 SMIC. Le coût de production aux 100 kg viande vive varie de 317 €, en système « maxi stock » à 310 € dans le système « sans maïs ».
Dans le système « maxi stock », les frais de fonctionnement sont plus élevés, car il y a plus de mécanisation, plus de concentrés. Mais les charges fixes sont écrasées. Ce système est aussi celui avec la plus forte charge de travail.
En plus de réduire le temps de travail, le système maximisant le pâturage a aussi celui dans lequel l’IFT est le plus faible et l’empreinte carbone la plus légère. Elle est de 12,2 kg éq CO2/kg alors que cette empreinte nette grimpe à 15,8 kg éq CO2/kg dans le système « maxi stock ». L’arrêt des dérobées avant maïs et l’introduction des légumineuses contribuent à diminuer l’utilisation des engrais minéraux et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Attention, toutefois, à certains points de vigilance. Le premier étant la possibilité agronomique, ou non, de cultiver de la luzerne. Pour maximiser l’intérêt économique des systèmes sans maïs, la maitrise du pâturage est déterminante. Il faut veiller à une mise à l’herbe précoce et à une bonne valorisation de l’herbe par un pâturage tournant.
Attention au coût de l’enrubannage
Stocker ses fourrages sous forme d’enrubannage apporte une souplesse de distribution et permet d’organiser de petits chantiers pour cibler le stade optimal de récolte. Mais faire de l’enrubannage plutôt que de l’ensilage coûte plus cher et peut dégrader la rentabilité de l’exploitation.