Pérenniser l’élevage par l’autonomie fourragère
Pour aider les éleveurs à sécuriser leurs ressources fourragères, les chambres d’agriculture et le réseau Cuma des Pays de la Loire, épaulés par l’Institut de l’Elevage, ont créé le site www.perel.autonomie-fourragere-des-elevages.fr. Une mine d’informations sur les cultures fourragères.
Quelles espèces implanter ? Comment puis-je sécuriser mes ressources fourragères ? Foin ou enrubannage, quelle différence de coût ? Autant de questions qui trouveront des réponses sur le site www.perel.autonomie-fourragere-des-elevages.fr. « Suite aux sécheresses de 2010 et 2011, nous nous sommes interrogés sur les moyens de rendre les systèmes d’élevage plus résilients face aux aléas climatiques, retrace Stéphanie Guibert, conseillère prairies à la chambre d’agriculture de la Mayenne. La meilleure gestion des surfaces fourragères est une des réponses.
Le site Perel a été conçu pour réunir au même endroit des informations, des ressources documentaires et des outils de simulation, calibrés pour les différentes conditions pédoclimatiques de la région Pays de la Loire », pour les éleveurs comme pour les techniciens, souligne la spécialiste.
« Il y a une motivation économique indéniable à optimiser le coût de sa ration, explique Stéphanie Guibert. Mais aussi une nécessité de s’adapter face à l’évolution des structures. Avec la hausse de la taille des cheptels, la gestion des stocks devient plus compliquée ». Et si en plus, les aléas climatiques s’en mêlent…
Infos et OAD
Le site combine informations et outils d’aide à la décision. Par exemple sur le choix des espèces fourragères, en indiquant son type de sol et ses contraintes climatiques, chaque éleveur trouvera des réponses sur-mesure quant aux espèces les plus adaptées à son exploitation. De même, un bilan fourrager dynamique « permet de se projeter en fonction de son assolement et d’évaluer l’équilibre entre les besoins de son troupeau et les périodes de production », explique Stéphanie Guibert.
Pour conforter leurs choix, les agriculteurs trouvent aussi sur le site des conseils pour la gestion de l’eau dans les zones où l’irrigation est nécessaire, des référentiels de coût pour chaque culture fourragère. Ils peuvent télécharger un guide sur les stratégies d’adaptation pour augmenter leur autonomie fourragère.
Faites votre « Trésorerie Fourragère »
Les techniciens peuvent réaliser avec les éleveurs une « trésorerie fourragère » qui compare les stocks nécessaires pour l’affouragement du cheptel et le réel disponible, permettant ainsi d’adapter le prochain assolement ou d’envisager des stratégies d’adaptation s’il y a un déficit de ressources. Bien évidemment, le site va continuer à s’enrichir, pour répondre aux interrogations sur les associations céréales/protéagineux, la culture de dérobées avec une récolte précoce, par exemple.
Un outil pour faire face aux aléas climatiques
Les systèmes fourragers sont mis à rude épreuve par les aléas climatiques. A l’échelle de l’exploitation, leur durabilité passe par la diversification des espèces, souvent au sein même de la parcelle. « En implantant ses parcelles les plus portantes avec des espèces précoces et d’autres avec des plantes tardives, résistant mieux à l’humidité, un éleveur peut rallonger sa saison de pâturage », encourage Stéphanie Guibert.
Dans les zones plus sensibles à la sécheresse, des légumineuses de fauche, luzerne ou trèfle violet, sécurisent le stock fourrager, en étant récoltées avant les épisodes secs. L’introduction d’autres espèces, des ray-grass italiens, des associations céréales/protéagineux, permettent d’engranger des stocks fourragers avant l’été. Des pistes sont également à explorer du côté des cultures peu exigeantes en eau comme les betteraves fourragères ou le sorgho. Les dérobées peuvent venir conforter le système fourrager par différentes périodes de récoltes.
En cas d’excès d’eau, comme ce printemps, la question de la résilience des systèmes fourragers se pose : « la diversification des espèces implantées est aussi une réponse, assure Stéphanie Guibert. Au sein d’une même prairie, on peut mélanger des espèces répondant mieux en climat sec à d’autres plus productives en situation humide. Selon l’année, les unes ou les autres prendront le dessus. On peut aussi implanter des dérobées fourragères en automne. Ces parcelles seront pâturées en premier. Comme elles seront ensuite implantées d’une culture de printemps, c’est moins embêtant si le pâturage se fait sur un sol peu portant ».