Pâtur’Plan, un logiciel pour résoudre l’équation du pâturage

Le désagréable effet de surprise au pâturage lorsque l’herbe a ou n’a pas poussé, lorsque les vaches ont ou n’ont pas assez mangé, tous les éleveurs le connaissent. « Pâtur’Plan est un outil qui sert d’abord et avant tout à anticiper pour limiter les risques de surprises », introduit Luc Delaby, ingénieur de recherche à l’unité PEGASE*. Avec Pâtur’Plan, l’éleveur peut tester des scénarios, à savoir générer des hypothèses et en évaluer les conséquences pour faire ses choix de gestion de pâturage de façon à anticiper.

Résoudre l’équation du pâturage, c’est réussir à équilibrer l’offre et la demande

L’offre est définie par deux paramètres : la croissance journalière de l’herbe et la surface disponible offerte aux animaux.
La demande, ce dont les vaches ont besoin chaque jour, est également définie par deux paramètres : la taille du troupeau et la capacité d’une vache à manger de l’herbe. Cette capacité peut être plus ou moins modulée par l’apport de fourrages complémentaires et de concentré.
Avec Pâtur’Plan, l’éleveur va générer des scénarios de pâturage en modulant notamment les 4 paramètres de cette équation. Il peut ainsi simuler la façon dont ses vaches vont valoriser ses parcelles, décider quand elles vont rentrer et quand elles vont sortir, en somme, établir un calendrier de pâturage prévisionnel.
Une fois les différents critères paramétrés par l’utilisateur, dont les hauteurs d’entrée et la sévérité de pâturage choisi, l’application détermine les hauteurs de sortie de chaque parcelle.
Chaque simulation est limitée à un maximum de 42 jours « pour lui donner une bonne véracité, car plus on simule longtemps, moins la simulation est robuste » précise Luc Delaby. Autre avantage de cette limitation, l’éleveur doit relancer la simulation avec des données actualisées s’il veut couvrir toute sa saison de pâturage.

La sévérité, une notion fondamentale au pâturage

L’utilisateur doit choisir l’intensité avec laquelle son troupeau va pâturer la parcelle : c’est la sévérité du pâturage. C’est une notion essentielle, « même si elle n’est pas facile à appréhender, convient Luc Delaby, car fixer une sévérité, c’est indirectement fixer la quantité d’herbe consommée ». Car la sévérité définit en fait le temps passé dans une parcelle et en conséquence aussi le temps laissé à la repousse des autres parcelles. Et c’est notamment pour apprendre aux éleveurs à bien utiliser ce paramètre qu’une formation à Pâtur’Plan a été créée.
L’application propose quatre gradients de sévérité. Choisir la plus libérale, la moins sévère, c’est décider de maximiser les quantités consommées par jour au détriment d’une bonne valorisation de la parcelle. Les pratiques les plus sévères, peu pratiquées en France, vont chercher à maximiser la quantité d’herbe prélevée par hectare au détriment de ce que chaque vache va manger chaque jour, c’est à dire que l’on va rester plus longtemps dans la parcelle.

Pâtur’Plan, pour tous les éleveurs, pour toutes les prairies

Le logiciel peut être utilisé quel que soit le système de pâturage de l’exploitation. Mais hormis l’éleveur chevronné dans sa gestion du pâturage, l’INRA et Elvup (Orne) recommande de suivre la formation pour bien prendre en main l’application et en tirer tous les bénéfices.
Pâtur’Plan fonctionne pour types de prairies, grâce au critère de densité de la prairie. L’application utilise des abaques en fonction de la composition de la prairie, pour proposer une densité à utiliser dans les simulations. « C’est une valeur pour laquelle nous continuons à recueillir des références pour disposer d’une plus grande variété de prairies et disposer de densités différentes pour une même prairie selon le mois de l’année. » précise Luc Delaby.

Ne pas oublier le comportement des vaches

Pour simplifier, Pâtur’Plan considére que la hauteur d’une chaque parcelle est homogène même si dans les faits, c’est plutôt rare. Les vaches vont commencer par sélectionner le meilleur mais en fonction de la sévérité, elles vont pâturer les strates plus profondes et plus ou moins proche des zones de refus.
Pâtur’Plan doit aussi aider l’éleveur à raisonner l’apport de fourrages complémentaires pour tempérer l’ardeur des vaches au pâturage ou à l’inverse, décider d’en retirer lorsque la croissance de l’herbe dépasse la demande. « Une vache fait surtout deux grands repas par jour après les deux traites. Elle aura d’autant moins envie de pâturer qu’elle aura reçu à l’étable de quoi se remplir la panse. Si les éleveurs veulent faire pâturer en présence de fourrages complémentaires (ensilage de maïs, d’herbe ou foin), il est fortement recommandé d’apporter ce fourrage à un moment où la vache n’en n’a pas trop envie, avant la traite du soir par exemple et surtout pas après la traite du matin. Parce que sinon on raterait tout l’intérêt du grand repas matinal » conclut Luc Delaby.

* PEGASE : Unité Mixte de Recherches INRA / Agrocampus Ouest Physiologie, Environnement et Génétique pour l’Animal et les Systèmes d’Elevage.

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