Améliorer sa gestion de l’herbe en utilisant les réseaux sociaux
Comptes Facebook, WhatsApp, YouTube et autres ont révolutionné la circulation de l’information. Aussi certains conseillers n’ont pas hésité à utiliser ces outils pour aider les éleveurs dans la gestion de leurs prairies. Petit retour d’expériences !
Jeanne Brivet, technico-commerciale chez Actis (Sicarev Coopérative) a eu l’idée d’un compte Facebook en 2016 pour animer un groupe d’éleveurs quant à la question de la gestion du pâturage. « C’est parti de la question de la maîtrise de ses coûts de production. Une dizaine d’éleveurs cherchaient des marges d’amélioration et la question du pâturage tournant a été mise sur la table. Seulement, ils craignaient de franchir le cap seuls et de se démotiver. D’autres éleveurs étaient déjà plus en avance sur la question, d’où l’intérêt des échanges », rapporte-t-elle. En créant un compte Facebook fermé, les échanges pouvaient perdurer au-delà des rencontres physiques bisannuelles. « Le but est que le groupe s’autogère par la suite », souligne Jeanne Brivet qui en reste aujourd’hui seulement l’administratrice, acceptant à leur demande quelques éleveurs supplémentaires.
Elle a accompagné durant une après-midi, au début du projet, certains agriculteurs dans l’utilisation de Facebook « et quand ils ont compris le truc, le reste s’est fait tout seul ! ». Jeanne Brivet n’a pas hésité les premiers temps à trier et à capitaliser les informations à travers un book, regroupant par exemple les photos des parcelles de certains éleveurs aux mêmes dates, année après année. Utilisé dans les réunions de terrain, il a permis de garder une mémoire de l’information. Le groupe existe toujours aujourd’hui et se gère seul.
Radio Prairie, un podcast sur la gestion de l’herbe
De son côté, Luc Delaby, ingénieur de recherche à l’INRAE, s’est lancé l’année dernière avec Florian Anselme, responsable innovation et relations filières à la coopérative Eva Jura, dans un podcast sur la gestion de l’herbe, intitulé Radio Prairie et repris par le groupe Facebook Herbe Franche-Comté.
« La réflexion est arrivée pendant le confinement de 2020, explique Luc Delaby. Nous étions enfermés chez nous et il s’agissait de garder un contact avec les éleveurs. L’idée était de proposer un rendez-vous sur l’herbe, sans utiliser la vidéo que nous trouvions trop compliquée, trop utilisée par ailleurs. Le podcast peut s’écouter n’importe où, en tracteur, en réparant ses clôtures, en emmenant le troupeau pâturer, etc. » Les financements pour le projet étant inexistants, il s’agissait de faire avec les moyens du bord, « dans un format discussion avec beaucoup de spontanéité ». Un épisode a même été enregistré en partie en Irlande lors d’un déplacement de Luc Delaby. Les épisodes durent entre 8 et 12 min et sont diffusés sur You Tube (gratuit) en format vidéo mais avec une image fixe. Si le premier épisode affiche plus de 1800 vues, la moyenne tourne autour de 150 à 200 vues par épisode.
Sortir de l’anonymat ou… pas !
Après 30 épisodes de saison 1, la saison 2 a commencé. Florian Anselme analyse : « Il faut des épisodes plus courts (3-4 min). J’ai l’impression que nous avons du mal à toucher les éleveurs qui auraient besoin d’en apprendre plus sur la gestion de l’herbe. Ce sont plutôt déjà les initiés qui écoutent. A l’avenir, l’idée est d’intégrer des témoignages d’éleveurs, de conseillers techniques, etc. pour tenter d’attirer plus de monde ». Selon lui, les agriculteurs réagissent peu sur les comptes Facebook à part sur les sujets qu’il qualifie de « politiques ». Animer ces comptes, créer, enregistrer, filmer reste « un vrai métier de communicant » qui prend du temps pour que cela fonctionne. « Le Bon Coin affiche le temps de réponse du vendeur, cela montre, à mon sens, que la réactivité est essentielle. Le groupe fonctionne aussi peut-être mieux lorsque les agriculteurs se connaissent. L’anonymat d’internet ce n’est pas encore pour eux ! », constate Florian Anselme.
Dans tous les cas, cela fait des émules puisque les Chambres d’agriculture (Corrèze, Deux-Sèvres, etc.) ou des coopératives (FEDER, CAVEB, etc.) utilisent ces outils devenus aujourd’hui indispensables pour diffuser de l’information.