Le point sur cinq outils de pilotage des prairies
Lors d’une journée sur le pâturage organisée par l’UMT SeSAM (1), le 1er octobre 2021 à Chamberet (19), cinq outils qui permettent de gérer l’herbe dans différentes dimensions ont été présentés (stades d’interventions, quantité d’aliment disponible, ingéré, d’avance, …). Cette présentation a aussi permis de démontrer comment des applications pouvaient être complémentaires d’un herbomètre, voire d’un thermomètre.
Avec un thermomètre : le calcul des degrés-jours
Cette méthode permet de repérer les stades importants de la pousse de l’herbe et à chaque stade va correspondre une pratique pour l’éleveur. Une somme de températures (exprimée en degrés jours) se calcule en additionnant les moyennes quotidiennes à partir du 1er février avec un maximum de 18°C et un minimum de 0°C. Ces moyennes sont établies à partir des minima et maxima relevés par la station météorologique locale. « Un repère à avoir en tête est la mise à l’herbe des animaux à 300° jours », explique Priscilla Note, ingénieur d’étude à l’INRAE, lors d’une journée sur le pâturage organisée par l’UMT SeSAM (1), le 1er octobre à Chamberet (19). « A 800° jours, c’est le moment de se lancer dans les ensilages d’herbe, à 1000° jours dans la récolte d’un foin précoce, etc. » À noter que le niveau de production reste cependant très dépendant de la pluviométrie. Cette méthode permet de sortir de dates « figées » et de s’adapter aux différentes années (précoces ou tardives) et aux différentes précocités liées à l’altitude.
Avec un herbomètre : l’évaluation de la quantité d’herbe sur le terrain
Il est possible de prélever l’herbe directement dans la prairie, sur un petit carré bien défini (20x20 cm), afin d’en mesurer la quantité après son séchage en étuve et de l’extrapoler à l’hectare (en kg MS/ha). En croisant cette information avec la hauteur de l’herbe prélevée, mesurée avec un herbomètre, la densité de l’herbe en kg de MS/ha/cm, à une date donnée, se calcule rapidement. Pour être plus juste dans les calculs, il est intéressant de déterminer la hauteur d’herbe moyenne de la prairie et non plus juste sur un petit carré. Dans ce sens, il faut effectuer une moyenne de plusieurs hauteurs d’herbe, mesurées par l’herbomètre à plusieurs endroits dans la prairie. Il est alors possible d’en conclure la quantité totale de matière sèche disponible dans la parcelle. Pour autant, cette méthode est plutôt lourde à mettre en œuvre, « sinon l’herbomètre seul est déjà un bon outil », précise Priscilla Note.
Avec son ordinateur : logiciel HerbValo
La méthode HerbValo, disponible dans les Chambres d’agriculture, permet le calcul simplifié de la quantité d’herbe valorisée à l’échelle d’une parcelle sur une année en sommant les quantités d’herbe valorisées par les animaux à chaque cycle de pâturage et les rendements récoltés lors de chaque fauche. Ce calcul se base sur un enregistrement précis des journées de pâturage (effectifs × temps de séjour) multiplié par l’ingestion moyenne du troupeau (abaques). La méthode s’appuie sur des enregistrements faits par l’éleveur sans mesure de hauteur d’herbe dans les parcelles. Un support papier réservé à l’éleveur permet l’enregistrement des événements à chaque utilisation de la parcelle (pâturage ou fauche) et un support informatique permet les calculs automatisés à l’échelle souhaitée (année, parcelle, saison). « L’intérêt de ce modèle est de prendre en compte l’animal, mais les capacités d’ingestion de ce dernier évoluent parfois différemment dans la réalité », observe Priscilla Note.
Avec son smartphone : le nombre de jour d’avance de pâturage (application Happy Grass)
L’objectif de cette méthode est de croiser le stock d’herbe disponible sur pied avec la consommation journalière du troupeau dans le but de déterminer le nombre de jours d’avance de pâturage disponible à une date t. « Plus on avance dans la saison de pâturage et plus il est important d’avoir des jours d’avance, explique Julien Fradin, chargé de projet à l’Institut de l’élevage. S’il y a beaucoup de jours d’avance, il sera possible d’aller faucher ». L’application Happy Grass a prévu trois scénarios météos prospectifs afin d’aider l’éleveur à prendre sa décision de fauche ou non. D’autres utilisations sont possibles, en lien avec son conseiller, pour appuyer l’éleveur : ajustement de la fertilisation, identification de la flore, ajustement de la composition de sa prairie, etc.
Avec un satellite : la télédétection de la quantité d’herbe sur le terrain (HERDECT)
Herdect est un projet porté par plusieurs instituts techniques dont le but est de mieux déterminer la disponibilité en fourrage dans les prairies, grâce à la télédétection par drones et satellites. Le rendu est sous forme cartographique. À la clef de ce projet, se trouve le développement d’une application. Mais, pour le moment, le modèle de prédiction reste encore à affiner. « En période très nuageuse, les cartes ressortent blanches ! Par ailleurs, l’accès aux données satellites est payant », explique Priscilla Note.