Faire le point sur la qualité de ses prairies
Les sommes des températures journalières et les températures élevées pour la saison réveillent déjà les prairies. Avant que l’on puisse intervenir dans les parcelles, il est opportun de vérifier leur état. Le diagnostic d’une prairie intègre de multiples observations, réflexions et prises de décisions qui, très souvent, peuvent permettre de fortes améliorations de celle-ci et à faible coût.
Prendre le temps de la réflexion
Les premières questions à se poser sont : « Cette parcelle m’a-t-elle donné satisfaction les années précédentes ? » « Comment se situe-t-elle par rapport aux autres parcelles voisines ? ». Il convient d’intégrer dans cette notion la qualité globale des prairies sur l’exploitation et pour chacune des parcelles, la quantité, la qualité, la saisonnalité de la production, l’adaptation de la flore à l’utilisation attendue, mais aussi la morphologie du couvert, le recouvrement et la présence de plantes moins désirables. Compte-tenu du nombre de points à vérifier, il est important de réaliser un diagnostic avec méthode.
Eliminer la ou les causes de dégradation : plusieurs causes peuvent expliquer une situation dégradée comme le surpâturage ou la fauche trop rase, le sous pâturage avant l’hiver, une fertilisation mal raisonnée, l’absence de déprimage les années précédentes, une mauvaise activité biologique dans le sol, la sénescence simultanée des plantes, la flore présente mal adaptée à l’usage, des événements inhabituels (inondation, sécheresse, gel exceptionnel, dégâts de sangliers, de taupes), apport de fumier mal émietté ou trop jeune. Selon les cas, il faudra donc faire évoluer ces pratiques.
Apprécier le recouvrement : la végétation, même rase, ne doit pas permettre de voir le sol. Des événements tels que de la mortalité hivernale de plantes, des coulées de boue, des taupinières ou dégâts des sangliers peuvent créer des vides qui sont autant d’espaces qui seront colonisés par des plantes de peu d’intérêts comme le mouron ou le pâturin annuel. Si ces vides sont supérieurs à l’équivalent d’une assiette au m², il est indispensable d’y effectuer un sursemis.
Apprécier la morphologie du couvert : celui-ci doit être gazonnant et non pas en touffes. Dès qu’un couvert se présente en touffes, l’appétence diminue. Les touffes peuvent avoir pour cause une dégradation du sol par piétinement, une mortalité éparse de plantes. Certaines plantes comme la houlque, la canche ou les joncs sont prédisposées à se mettre en touffes. Pour éviter la mise en touffes, il faut que la surface de la prairie soit la plus plane possible d’où l’intérêt du hersage pour aplanir. De plus, il sera nécessaire de faucher ou broyer régulièrement ces refus.
Apprécier l’homogénéité de la parcelle : une prairie est rarement homogène du fait de la nature du sol qui peut varier, mais aussi du comportement des animaux : zone de couchage et de déjections, zone d’ombre, d’abreuvement. Si le phénomène est très prononcé, il sera nécessaire d’aller jusqu’à une modification du parcellaire.
Identifier les espèces présentes, mais aussi leur répartition sur la surface, si elles sont intimement mélangées ou au contraire regroupées en mosaïques. Il est essentiel de reconnaître au moins 5 graminées de premier ordre (ray-grass anglais, dactyle, fétuque élevée, fétuque des près, fléole), ainsi que des graminées de moindre intérêt (fétuque rouge, houlque laineuse, vulpin des près, agrostides, pâturins, crételle, fromental). Un outil d’identification des graminées au stade herbacé est disponible sur le site gnis-pedagogie.org. Une fois les graminées identifiées, il peut être intéressant de connaître leur phytoécologie ; la phytoécologie étant la somme des événements et circonstances qui sélectionnent les espèces. Elle permet de corriger des erreurs de conduite.
Prendre les bonnes résolutions
Si à chaque échantillon prélevé, soit 30 prises environ par hectare (par exemple une motte prélevée à la bêche), on trouve la présence d’au moins une espèce de premier ordre, même si elle est petite, on peut alors améliorer la prairie par le mode d’exploitation et la fertilisation. Si les bonnes espèces sont absentes des échantillons, il faut les introduire par semis et aussi adapter le mode d’exploitation et de fertilisation.