Récolte des fourrages : à la montaison, c’est tout bon !

Tout comme le choix de l’espèce ou le climat, la date de récolte joue un rôle capital sur la valeur alimentaire des fourrages. René Baumont, directeur de recherches à l’Inra de Clermont-Ferrand/Theix développe cet aspect essentiel à la performance de la production.

Au moins une fois dans l’année, les éleveurs doivent coiffer leur casquette d’agronome. Pourquoi ? « Pour repérer l’étape clé de la conduite des prairies : le stade épiaison, là où tout se joue, explique René Baumont. Le stade de récolte des fourrages influence directement leur valeur alimentaire. Les essais de ces dernières années ont montré qu’entre les stades « végétatif » et « début épiaison », les différences étaient minimes. En revanche, passé le stade « début épiaison », quand 10 % des épis sont visibles dans les talles des graminées, la valeur alimentaire des fourrages diminue très rapidement et ce, jusqu’à fin épiaison, quand « 90 % des épis sont dans les talles ».

4 à 5 kg/vache/jour de lait de gagnés

Pour des graminées fourragères, cette baisse se traduit par un chiffre : 0,4 à 0,5 point de digestibilité en moins par jour soit une perte de 0,008 à 0,01 UFL/kg de MS. Entre le début et la fin du stade épiaison, soit à peu près 10 jours, un ensilage peut ainsi perdre 0,08 UFL : cette valeur variant bien évidemment en fonction de la plante et du climat. Le niveau de développement des fourrages influence donc directement les performances du troupeau.

Des repères pour anticiper l’exploitation au meilleur stade

Dans certaines régions, la fenêtre climatique optimale étant courte, il s’avère indispensable d’observer régulièrement ses parcelles pour repérer le bon stade. « Dès la sortie des premiers épis, il faut se tenir prêt », conseille René Baumont. Mieux : repérer le stade « montaison » (quand les épis en formation montent dans la tige) - environ 10 jours avant l’épiaison – permet de s’organiser encore un peu plus en amont. Autre repère possible, celui des sommes de températures, publiées chaque semaine par la plupart des chambres d’agriculture : le stade début épiaison se situant entre 700 et 800°C jours cumulés à partir du 1er février selon les espèces. Mais attention, cette tendance ne suffit pas. Rien ne peut remplacer la vérification de visu dans ses propres parcelles.

En chiffres

Pour un ensilage préfané de RGA ou de dactyle, un écart de 10 jours à la récolte entre le début et la pleine épiaison fait diminuer la valeur du fourrage de 0,08 UFL, de 0,06 UEL et de 6 g/kg MS de PDIE (protéines digestibles).
Cela se traduira dans la ration d’une vache laitière produisant 30 kg de lait par jour par un supplément de l’ordre de 2,5 kg de concentré à apporter quotidiennement ou bien par une diminution de production de 4 à 5 kg de lait si la ration n’est pas corrigée.

René Baumont, Directeur de Recherche à l'INRA

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