Révélations sur les anglais : qualité et rendement, quel couple !
Pour la première fois, une expérimentation conjointe de l’ACVF* et de l'INRA quantifie la progression de la génétique des variétés fourragères depuis... près d'un demi-siècle. Zoom sur le ray-grass anglais.
Rendement : un gain de 3 % tous les 10 ans
Les sélectionneurs le savaient : les chiffres le prouvent. Oui, le rendement en fauche des variétés fourragères progresse régulièrement. En moyenne, 1 % tous les trois ans depuis 1965. Mais selon la période d’exploitation, le gain n'est pas le même. C'est à l'automne que le progrès est le plus important : +0,69 % par an, contre + 0,19 % pour les coupes de printemps et +0,2 % par an pour les coupes estivales. Bien sûr, ce sont les variétés les plus récentes qui décrochent les meilleurs résultats. Mais la moyenne des 21 variétés testées - dont la plus « ancienne » date des années 60 - s'affiche quand même autour de 10 t/ha.
Qualité : on progresse également
Les chercheurs ont profité de l'essai pour évaluer d'un peu plus près la valeur alimentaire des fourrages récoltés et en particulier, la digestibilité des fibres (cellulose, hémicellulose et lignine). Cette dernière a progressé de 0,8 % par décennie. Plus particulièrement, la teneur en lignine, partie des fibres non digestible, a diminué dans la composition finale des fourrages.
La bataille anti-rouilles bien engagée
0,66 point ont été gagnés tous les 10 ans. Sachant que la résistance aux rouilles est notée sur une échelle de 1 à 9, le progrès est bien réel. Mais ce n'est pas tout. Les chercheurs ont constaté que la résistance aux rouilles ne semble pas avoir atteint son maximum. Autrement dit : des marges de progrès, pour les années à venir, paraissent encore possibles.
Le rendement grainier, lui, n'a pas bougé
Pour l'éleveur, ce critère n'a que peu d'importance. Pour le semencier, il en a beaucoup. Mais difficile de booster à la fois la partie végétative d'une plante (ses feuilles) dont dépend essentiellement le rendement fourrager et sa partie productrice (ses graines). Or l'inscription des variétés fourragères au CTPS** impose des progrès en matière de valeur agronomique pour l’utilisateur (rendement fourrager, résistance aux maladies...). Ceci illustre bien que le travail de sélection des obtenteurs vise avant tout à générer un progrès destiné aux agriculteurs.
Un essai de longue haleine
- Mené conjointement par l'ACVF (Association des créateurs de variétés fourragères) et l'INRA.
- 21 variétés de Ray-Grass Angais fourrager : des variétés datant de 1965 à nos jours.
- 5 lieux d'essais et de pépinières "fourrages" et 2 lieux d'essai pour le rendement grainier.
- Essais conduits de 2006 à 2008.