Ressemis des prairies : misez sur la complémentarité des espèces

Lorsque la prairie n'offre plus une densité de plantes fourragères suffisante, que la productivité s'essouffle et que la présence d'adventices dépasse le seuil que l'on s'est accordé, il est souvent plus rapide et radical de remplacer la flore initiale par une nouvelle composition dont les constituants auront été raisonnés au mieux.

Anticiper son choix

L'amélioration de la prairie doit intégrer cinq réflexions. La première consiste à identifier la ou les causes de dégradation et à les éliminer. La deuxième porte sur les notions de fertilité et de pH qu'il faut éventuellement corriger. La troisième concerne le mode d'exploitation et l'entretien et la quatrième l'aménagement parcellaire, c'est­ à-dire les chemins, les zones d'ombre, l'assainissement et les emplacements des abreuvoirs. Une fois ces 4 réflexions prises en compte, la cinquième doit envisager l'avenir, c'est-à-dire les espèces et les types variétaux à semer pour optimiser sa production. Il est nécessaire de prendre en compte le progrès génétique et la qualité des semences implantées. Cette notion de performance est bien sûr à mettre en relation avec les attentes de l'éleveur : productivité, qualité, saisonnalité et convenance à l'utilisation envisagée. En effet, l'expression du potentiel des plantes issues de la sélection va dépendre de la bonne gestion globale des surfaces fourragères de l'exploitation.

Privilégier les mélanges d'espèces

On peut imaginer la prairie idéale qui démarre tôt au printemps, qui ne cesse de produire tout au long de la saison jusque tard à l'automne, et ce malgré les à-coups climatiques, la sécheresse, la chaleur excessive, tout en étant d'une excellente productivité globale. L'idéal étant que l'herbe présente une bonne appétence, une bonne valeur alimentaire et bien sûr qu'elle soit adaptée à tous les usages. Une telle espèce n'existe pas, du moins pas encore. C'est pourquoi la solution qui s'impose consiste à associer des espèces qui sont complémentaires dans le temps et dans l'usage et qui font face aux contrastes climatiques.

Pour avoir de l'herbe tôt au printemps

Trois espèces se démarquent en démarrant plus tôt que les autres: la fétuque élevée, le ray-grass d'Italie et le ray-grass hybride. La portance du sol permet ou non d'y mettre les animaux et constitue bien souvent le facteur limitant. Les autres espèces associées prennent ensuite le relais. Pour cela, il est important de « contenir » la fétuque élevée ou les ray-grass d'Italie ou hybride par un pâturage précoce.

Pour avoir de l'herbe s'il fait sec

La luzerne représente bien sûr une assurance sécheresse. Pour les autres espèces, c'est la profondeur de l'enracinement qui est déterminante. Le desséchement provoque la mort chez certaines plantes comme la fétuque des près ou les ray-grass d'Italie, alors que d'autres comme le ray-grass anglais ou hybride cessent de produire mais redémarrent dès le retour des pluies. Toutes les fourragères ont des systèmes racinaires qui permettent d'explorer le sol plus en profondeur. Le ver de terre joue là un rôle essentiel par les galeries et le brassage de terre des différents horizons.

Pour avoir de l'herbe s'il fait chaud

C'est la luzerne qui résiste le mieux, jusque 40° ! Les autres espèces poussent jusque 30 à 33°. Il faut remarquer néanmoins le cas particulier du ray-grass anglais qui ralentit sa pousse dès 23° pour s'arrêter à 25°. Sa présence en mélange est malgré tout intéressante par sa pérennité, ses valeurs alimentaires et par le fait qu'il a une excellente aptitude à gazonner et donc à offrir la densité au couvert et à réduire les adventices indésirables. En réduisant sa pousse lorsqu'il fait trop chaud, il fait la part belle au trèfle blanc qui est une plante de chaleur et de lumière. En pâturage, il faut citer le comportement intéressant de la fétuque des près, d'une excellente valeur alimentaire qui produit bien même s'il fait chaud, si l'eau n'est pas le facteur limitant.

Pour avoir de l'herbe s'il fait chaud et sec

Souvent chaleur et sécheresse sont liées, surtout si le sol a une faible réserve utile en eau. Les espèces qui se distinguent sont la luzerne, la fétuque élevée, le dactyle et le lotier. Mais dans la plupart des cas, la solution à envisager sera de constituer des stocks d'herbe sur pied, destinés à être pâturés au fil, vu la hauteur de l'herbe, pour limiter les dégâts par piétinement et le gaspillage. La technique du pâturage de stocks d'herbe sur pied exige quelques règles simples pour disposer de fourrage de qualité. Il est nécessaire de faire déprimer pour gagner en densité (tallage), puis réaliser un second pâturage ou une fauche précoce pour exporter les tiges et les épis. Les repousses seront alors denses et constituées essentiellement de feuilles. Deux critères de choix des variétés sont à privilégier : la résistance aux maladies et la sensibilité à la remontaison. Le site internet www.herbe-book.org est à la disposition de chacun, non seulement pour informer des caractéristiques des variétés, des définitions des mots techniques employés mais aussi, grâce à la magie d'un tableur informatique, de personnaliser le conseil. Le visiteur du site peut en effet classer ses priorités par ordre d'importance et voir s'afficher les variétés les mieux adaptées à sa situation.

Pour avoir de l'herbe tard à l'automne

Certaines espèces poussent tard à l'automne, ce sont les fétuques élevées, les dactyles, les ray-grass hybrides et les luzernes. Il faut aussi prévoir de pouvoir exploiter tard afin de ne pas laisser une masse végétale trop importante avant l'hiver, ce qui serait préjudiciable pour la saison suivante.

Pour avoir de l'herbe de qualité en prairie humide l'hiver

Des espèces sont adaptées à cette situation. Il s'agit de la fétuque des près, de la fétuque élevée, de la fléole et du trèfle hybride. Cette notion de prairie humide ne concerne pas toujours toute la surface de la parcelle. L'humidité est parfois plus ou moins intense selon les endroits. Les différentes espèces qui constituent le mélange trouveront leur place et contribueront à compenser l'hétérogénéité de la parcelle en fonction de leurs affinités.

Pour avoir une flore adaptée à l'ensilage ou à l'enrubannage

L'aptitude à cet usage est conditionnée par la productivité et la conservation. Les espèces bien adaptées sont la fétuque élevée, le dactyle, le ray-grass hybride, la fléole, luzerne et le trèfle violet. Le fait d'associer des graminées à la luzerne permet de mieux conserver l'ensilage par l'apport de sucre facilitant ainsi la fermentation.

Pour avoir une flore adaptée au foin

Quatre espèces sont lentes à sécher : les ray-grass anglais, les ray-grass d'Italie et hybrides et le trèfle violet. Là aussi, l'utilisation de ces espèces avec d'autres espèces qui sèchent bien atténue ces inconvénients.

Pour concevoir un mélange, chaque constituant doit répondre à des exigences clés qui sont l'adaptation au type de sol(sol sain ou humide l'hiver, frais ou séchant l'été), à l'aptitude à l'usage (pâturage, fauche ou alternance) et à la saisonnalité. Un calculateur de dose de semis permet de traduire un souhait de peuplement en dose de semis en fonction des PMG (poids de 1 000 graines) qui varient beaucoup en fonction des espèces. Cet outil est également disponible en application smarthphone: Prairies-le calculateur. Objectif: 1 000 graines par m² !

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Des outils pour vos prairies

Le Calculateur de Mélanges Prairiaux

Cette application vous permet de déterminer le peuplement théorique d'une prairie semée à partir d'un sac de mélange, ou bien de composer vous même votre mélange en fonction du type de prairie que vous voulez obtenir.

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