Des partenariats éleveurs et céréaliers pour le pâturage des couverts végétaux
Valoriser les surfaces enherbées dans les vignes ou les vergers ainsi que les surfaces d’interculture par les animaux est une pratique amenée à se développer. Pour l’heure, les résultats sont plutôt encourageants quand chaque partie y trouve son compte.
Valoriser les intercultures par du pâturage est l’un des sujets d’étude du projet Inter-AGIT en Nouvelle-Aquitaine et Occitanie qui démarrera début 2022 (financement Casdar). Pour autant, une première étude, issue d’un stage (1) à l’UMT Pasto de l’Institut de l’élevage et présentée à Tech’Ovin le 9 septembre, livre déjà quelques informations au sujet de cette valorisation. « Les surfaces d’intercultures sont implantées sur de grandes surfaces et représentent des surfaces fourragères intéressantes, explique Carole Jousseins, chef de projet à l’Institut de l’élevage. Et cela d’autant plus en période de changement climatique où la production fourragère est plus aléatoire. Les faire consommer par des animaux permet aussi d’éviter d’utiliser des herbicides pour les détruire et facilite leur destruction mécanique. » Dans ce sens, l’étude a commencé à étudier les partenariats existants entre des éleveurs et des agriculteurs mettant à disposition des surfaces en interculture. « L’objectif était de comprendre comment cela fonctionnait et ce que faisaient les éleveurs », continue Carole Jousseins.
Des contrats oraux pour garder de la souplesse
Il s’agit avant tout de contrats oraux, laissant ainsi une certaine marge de manœuvre aux deux parties, notamment si le couvert ne se développe pas comme prévu. Parmi les éleveurs enquêtés utilisant cette ressource, 70% font pâturer des ovins allaitants (animaux en gestation, renouvellement, réforme), 21% des bovins allaitants, 13% des ovins lait (animaux en gestation ou en lactation) et 11% des bovins lait. « Notre surprise a été de détecter une si forte proportion de bovins », relève Carole Jousseins. Les freins à la pratique de ce type de pâturage sont la distance entre l’exploitation de l’éleveur et la parcelle de pâturage, la surveillance des animaux, l’accès à l’eau et à des abris naturels ainsi que l’installation de clôture. « Si le céréalier ou l’agriculteur aide, le partenariat a plus de chance de durer. Les éleveurs peuvent être amenés à l’indemniser en échange. Par contre, l’agriculteur reste maître du semis de sa parcelle », observe Carole Jousseins. Or celui-ci implante une culture dans le but d’avoir des avantages agronomiques (vie du sol, couverture du sol, apport d’azote, etc.) alors que l’éleveur, lui, cherche plutôt une valeur fourragère.
Un couvert de bonne qualité selon la majorité des éleveurs
Les éleveurs estiment que le couvert offert est de « bonne qualité », après une évaluation à l’œil. « Cela peut paraître surprenant. Cela s’explique de différentes façons : soit l’éleveur estime que le céréalier est un spécialiste des cultures et donc ces dernières sont forcément réussies ou bien c’est le côté plus tardif de la période de pâturage qui entraîne un développement plus important du couvert. C’est un élément que nous allons vérifier », analyse Carole Jousseins. Un moindre salissement des parcelles a été observé et aucun problème de tassement du sol n’a été relevé. La fumure organique est l’un des services attendus de la part des céréaliers, mais pas le principal qui reste avant tout la destruction du couvert. « Pour que cela fonctionne vraiment, les deux parties doivent se parler, elles doivent exprimer leurs attentes, leurs besoins. Ce type de pâturage crée du lien entre agriculteurs, mais aussi élus, locaux, etc. Il s’agit d’une pratique de proximité (<15km). », conclut Carole Jousseins. L’utilisation d’autres surfaces fourragères additionnelles comme les truffières, des plantations de noyers ou des vergers, avaient fait l’objet d’un précédent projet intitulé Brebis_Link, achevé en juin 2021.
(1) Stage d’Ewen Tumoine, élève de l’ESA d’Angers, financé par l’UMT Pasto de l’Institut de l’élevage