Semences prairiales : la réalité du progrès génétique clarifiée
Chercheur au centre de Lusignan, passionné par les fourragères, Jean-Paul Sampoux a suivi pendant trois années les essais permettant d’évaluer l’impact du progrès génétique sur le ray-grass anglais. Une expérimentation unique en son genre !
Qu’apporte cette expérimentation ?
En premier lieu une réelle clarification des débats. Le progrès génétique pour les espèces fourragères est souvent l’objet de controverse. Il n'est pas rare d'entendre : « les anciennes variétés s’installaient mieux ou étaient plus productives». Les sélectionneurs savaient que ce n'était pas le cas. Désormais, ils en ont la preuve, en chiffres. L’originalité de cette étude a aussi été de rassembler dans un même essai des variétés anciennes et récentes qui n'avaient jamais été comparées dans les mêmes conditions de production.
Y a-t-il eu des surprises ?
Oui et non. Non car un progrès est constaté pour les caractéristiques sur lesquelles les sélectionneurs ont principalement porté leurs efforts : rendement fourrager et résistance aux maladies notamment. Oui, car certains critères non pris en compte de façon régulière dans les programmes de sélection ont évolué favorablement. C'est le cas de la digestibilité des fibres. Sans avoir fait l’objet d’une sélection systématique, ce paramètre a évolué favorablement des variétés anciennes aux plus récentes, avec des fibres plus digestibles, donc plus d’énergie pour la production de lait ou de viande.
Quel usage faire de ces résultats ?
Ils permettent de faire un état des lieux sur 50 ans de sélection mais aussi de dégager de nouvelles pistes de recherche afin de mettre au point des variétés encore plus performantes. Comprendre par exemple pourquoi l’amélioration du rendement fourrager a été moins importante pour les coupes de printemps me paraît tout à fait intéressant. Si nous arrivions à lever ce frein, le gain serait encore plus grand. Cela peut aussi aider l'éleveur à mieux choisir ses variétés. Comme le maïs ensilage, les espèces fourragères sont des cultures à part entière et chaque variété possède des caractéristiques qui lui sont propres.
Ces résultats sont-ils extrapolables à d'autres espèces ?
Il est permis de penser que des tendances similaires seraient observables sur le dactyle ou la fétuque élevée. Mais bien sûr, il conviendrait de le vérifier en conduisant des essais semblables. Toutefois de tels essais ne sont pas programmés dans l’immédiat.