Le pâturage pour séquestrer du carbone Le couple herbe/bovins, c’est du propre !

Les ruminants en général et les bovins en particulier sont de plus en plus souvent mis en accusation pour leurs émissions de méthane, un gaz à effet de serre (GES) contributeur du réchauffement climatique. Il serait presque écologiquement incorrect de consommer de la viande de boeuf ! C’est ignorer que le stockage de carbone par les prairies contrebalance les émissions de GES. Y compris par les prairies temporaires.

Car il s’agit bien d’un bilan à aborder d’une manière dynamique. « Depuis sept ans, introduit Jean-Baptiste Dollé, responsable du service environnement à l’Institut de l’Elevage, nous avons élargi nos travaux aux questions liées au changement climatique. » Une méthode d’évaluation de l’empreinte carbone nette a été élaborée à partir des données des Réseaux d’Elevages, issues de quelque 550 élevages bovins. Aux émissions de l’exploitation sont soustraits les volumes stockés dans les prairies.

Et le résultat est pour le moins intéressant : en élevage allaitant, où la part de l’herbe est la plus importante, le stockage carbone sous les prairies et les haies peut compenser de 60 à plus de 100 % des émissions de méthane produit par les animaux. « Le stockage lié à chaque hectare de prairie est de 500 kg de carbone par an, quel que soit le type de prairie. Le déstockage lié au retournement d’une prairie est de 1 000 kg de carbone. Ces valeurs font maintenant consensus », souligne le responsable du service environnement de l’institut.
Des données qui battent en brèche une idée reçue selon laquelle les prairies temporaires ne contribueraient pas au stockage du carbone. En effet, une prairie temporaire offre sur quatre ans un solde positif de 1 000 kg : 4 années de stock carbone de 500 kg, moins 1 000 kg lors du retournement de la prairie.

Evaluer l’impact des pratiques pour mieux les expliquer

De nombreux leviers peuvent être actionnés : allonger le temps de présence des animaux dans les prairies et la durée des prairies temporaires ; favoriser l’apport d’engrais organiques plutôt que minéraux ; implanter des légumineuses ; des prairies multi-espèces ; favoriser le pâturage plutôt que la fauche…
« Chaque levier peut apporter une amélioration de 1 à 10 %. Certains en sont au stade de la recherche, d’autres déjà largement développés. Mais, au total, sans modifier radicalement les modes de production ni compromettre l’économie de l’élevage, ce sont 5 à 15 % de réduction qui peuvent être réalisées ».
« Au-delà du stockage carbone, les prairies contribuent également à réguler les cycles de l’eau, à la qualité des paysages et à la biodiversité, poursuit Jean-Baptiste Dollé. Une prairie monoespèce très fertilisée aura un profil moins positif sur la biodiversité de la faune et la flore qu’une prairie multiespèces correctement fertilisée, surtout si elle l’est avec de l’azote organique ou en intégrant des légumineuses. »
Des travaux sont en cours pour évaluer l’impact des pratiques agricoles sur le bilan carbone, la biodiversité, la qualité de l’eau… Afin de disposer d’indices pour mieux conduire les exploitations, mais aussi pour apporter des contributions factuelles aux débats avec la Société.

Bovins au pâturage  Jean-Baptiste Dollé, du service environnement d'IDELE

Inscription à la newsletter

Votre adresse e-mail ne servira qu'au traitement de votre abonnement à ladite lettre d'information par l'Interprofession des semences et plants. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits, cliquez ici.

Les derniers articles d'agronomie

Robot et pâturage, c’est possible

Si vous disposez de suffisamment de parcelles accessibles, le passage en traite robotisée ne rime pas avec fin du pâturage. Il faudra juste trouver la bonne organisation.

Chauler une prairie n'améliore pas toujours la disponibilité des éléments minéraux

L’apport d’amendements minéraux basiques provoque une augmentation du pHeau. Mais des pratiques excessives de chaulage sont coûteuses et peuvent avoir des conséquences négatives sur la production.

L'analyse de sol ne permet pas de connaître les besoins en P et K d'une prairie permanente

Le phosphore (P) et la potasse (K) sont des éléments majeurs, indispensables à la productivité et la pérennité des prairies. Selon les situations, les besoins en P et K sont variables.

Les derniers articles d'Herb'actifs

Agronomie

Robot et pâturage, c’est possible

Alimentation

Pour la ration hivernale, valorisez la diversité des fourrages

Des outils pour vos prairies

Le Calculateur de Mélanges Prairiaux

Cette application vous permet de déterminer le peuplement théorique d'une prairie semée à partir d'un sac de mélange, ou bien de composer vous même votre mélange en fonction du type de prairie que vous voulez obtenir.

Vers l'application

Herbe-Book

La catalogue des graminées et légumineuses fourragères inscrites au catalogue des variétés officielles. Sélectionnez les variétés sur des critères d'exploitation, de production, de maladie et de qualité alimentaire pour les comparer.

Vers le catalogue