En bio : plus d’herbe pour plus de résilience
L’importance des surfaces herbagères dans les exploitations laitières bio réduit beaucoup leur sensibilité aux aléas et améliore leur capacité à récupérer quand ils surviennent grâce à l’autonomie alimentaire qu’elle apporte. C’est ce qui ressort d’enquêtes présentées par l’Institut de l’élevage et la Fédération bretonne de l’agriculture biologique, lors du Space 2018.
La résilience traduit la capacité d’une exploitation à résister aux chocs que peuvent êtres des aléas climatiques ou économiques. L’Institut de l’élevage et la Fédération bretonne de l’agriculture biologique ont cherché à comprendre pourquoi certaines exploitations laitières bio résistent mieux que d’autres. « Pour s’en sortir en cas de coup dur et maximiser son revenu sur les années plus sereines, ce qui compte c’est l’efficacité des facteurs de production, résume Jérôme Pavie, de l’Institut de l’Elevage : mettre un minimum d’intrants pour un maximum de produits».
Pour traverser les turbulences, qu’elles soient économiques ou climatiques, mieux faut donc voyager léger, en réduisant ses charges opérationnelles. Car dans la construction du résultat économique, « le contexte économique et climatique est moins discriminant que les pratiques d’élevage », note Niels Bize, de la FRAB, qui a suivi des fermes bretonnes pendant leur conversion, période particulièrement sensible. Le premier facteur clé pour gagner en efficacité économique est d’augmenter la part de l’herbe pâturée, donc son autonomie alimentaire. Sur 227 fermes bio suivies par l’Institut de l’élevage pendant une quinzaine d’années, le pâturage représente 57% de la ration annuelle. S’y ajoute 29% d’herbe conservée. « Ca se ressent sur le ratio charges opérationnelles/produits qui est de 21% en bio contre 38% en conventionnel » chiffre Jérôme Pavie. Pour augmenter l’autonomie alimentaire de son troupeau, il faut jouer sur plusieurs tableaux : diversité de l’assolement (prairies permanentes et temporaires, variétés implantées), précocité de la mise à l’herbe, cultures à double fin (par exemple des céréales qui peuvent être ensilées en cas de manque de fourrages), valorisation des intercultures…
Cultiver son autonomie
Si la résilience repose pour beaucoup sur le recours au pâturage, comment l’augmenter quand les surfaces accessibles sont un frein ? « On peut s’organiser pour faire pâturer plus loin, encourage Niels Bize. L’affouragement en vert peut être une solution mais il faut intégrer son coût et le travail d’astreinte demandé ». A plus long terme, il faut saisir des opportunités d’échanges parcellaires.
La place de l’herbe dans la ration se ressent sur l’efficacité économique des exploitations. « Le revenu est meilleur en bio avec moins de moyens de production », annonce Jérôme Pavie et de détailler le revenu par UMO en 2017 : 32.000 euros en bio contre 23.000 en conventionnel. Mais avec un niveau de production bien différent : 168.000 litres/UMO en bio, 297.000 en conventionnel.