Miser sur le correcteur pour sécuriser ses ensilages

Un fourrage mieux conservé, une valeur alimentaire maintenue, moins de pertes. Trois éleveurs de l’Ain expliquent pourquoi ils utilisent un conservateur pour leurs ensilages.

Avoir un troupeau important n’oblige pas à renoncer à l’herbe mais demande de la valoriser autrement. Au Gaec de Stivan, à Biziat (01), les 7 associés élèvent 280 vaches pour une production de 2,25 millions de litres. « Nos bêtes ne pâturent pas. Pourtant, nous avons 160 Ha de prairies naturelles et une quarantaine d’hectares de luzerne », explique M. Duchampt, l’un des associés. Le foin de luzerne est séché en grange, la dernière coupe de la luzerne est souvent ensilée, les prairies permanentes sont fauchées et ensilées. La ration des laitières se compose d’un tiers d’herbe, d’un tiers de maïs et de 4 à 5 kg de foin de luzerne.

Au Gaec Combe de Rosière, à Buellas (01), sur les 220 Ha de l’exploitation, 81 sont en prairies, temporaires ou permanentes. Les 130 Montbéliardes n’y pâturent pas. « Nos prairies temporaires sont destinées exclusivement à la fauche, explique Benoit Jambon, l’un des 4 associés de ce Gaec. La première coupe part en ensilage, après on fait du foin. En fin de saison, s’il y a encore une coupe, on mise sur l’enrubannage. Ça permet de nettoyer les parcelles pour qu’elles redémarrent bien au printemps ». La ration des laitières dépend des moments de l’année et des stocks. À l'hiver 2017, elles reçoivent moitié ensilage d’herbe, moitié ensilage de mais. En hiver, ce sera plutôt 2/3 maïs 1/3 herbe.

À Domsure (01), le Gaec du Montoux a près de la moitié de sa surface en herbe, 110 hectares de prairies sur 250 Ha de SAU. Les prairies permanentes sont valorisées en foin. Selon la repousse, il y a aura une 2e coupe de foin ou un pâturage. 30 Ha de prairies sont temporaires, implantées avec un mélange de graminées et de légumineuses. « Elles sont destinées à la fauche, explique Jérôme Commaret, l’un des associés. Une année normale, on fait entre quatre et cinq fauches et on sort 12 T de MS/Ha ». Tout est destiné à l’ensilage, sauf un peu d’enrubannage sur la dernière coupe d’automne.

Les conservateurs, une assurance qualité

Dans ces grands troupeaux, les stocks ensilés sont importants et leur qualité déterminante pour la production laitière. Pour valoriser au mieux l’herbe ensilée, des conservateurs sont nécessaires. Ils évitent l’échauffement du front d’attaque, gardent l’appétence et la valeur alimentaire des fourrages. « On met des conservateurs dans l’ensilage de ray grass, dans celui de luzerne, relate M. Duchampt. On veut éviter l’échauffement et que ça entre rapidement en fermentation, surtout pour la luzerne qui est pauvre en sucres ». « On utilise les conservateurs depuis environ 10 ans, complète Jérôme Commaret. Pour nous c’est sécurisant, on évite l’échauffement lors des reprises, on stabilise plus rapidement le silo. C’est d’autant plus important de sécuriser le silo par un ajout de conservateur quand il y a beaucoup de légumineuses ».

Dans ces grands troupeaux où l’alimentation repose pour beaucoup sur de l’herbe ensilée, la qualité du fourrage distribué est primordiale. « Comme on donne de l’herbe toute l’année, sans conservateur, ça chaufferait, avec des risques de butyriques, indicateurs d’un silo pas parfait et synonymes de pénalités, estime M. Duchampt. L’ensilage ne doit jamais chauffer. En mettant des conservateurs, on cherche la sécurité. Il y a trop de valeur dans le silo pour se permettre de prendre un risque quelconque ». L’ajout de conservateur évite les pertes suite à des pourritures ou des échauffements. « Sur le front d’attaque, au fond du silo, on ne jette rien », apprécie M. Duchampt. Même son de cloche au Gaec Combe de Rosière « Certes on est très pointilleux sur le tassement, mais on a très peu de perte, même sur les bords, souligne Benoit Jambon. Quand on découvre le silo, il est intact, il n’y a pas de pourri sur les bords ». Constat identique sur le front d’attaque. « Avec le rotor de l’automotrice, c’est net et propre. La désileuse et le conservateur font que le front d’attaque ne chauffe pas. Donc il n’y a pas de perte ».

Certes, l’ajout de conservateur a un coût mais pour les éleveurs, ce serait une fausse économie que de vouloir s’en passer. « Sur la qualité d’un silo, on joue la ration de l’année, donc la production laitière, rappelle M. Duchamp. On se doit d’être irréprochable sur la qualité du fourrage ». « C’est un vrai sécurisation de notre ration, les valeurs nutritives se dégradent moins, complète Jérôme Commaret. Mais un conservateur n’est pas un produit miracle, il faut déjà que le silo soit bien fait. Sinon l’investissement que représente le conservateur ne sera pas valorisé ».

Les correcteurs

Les correcteurs apportent des solutions adaptées aux problématiques d’ affouragement rencontrées avec les ensilages d’herbe : réduction des échauffements au désilement, perte au front d’attaque et perte à l’auge, réduction des pertes de MS au stockage, amélioration de la digestibilité des fibres lors de la digestion, réduction des spores butyriques pour une meilleure valorisation de la ration. Les correcteurs peuvent se répartir en deux catégories :
- Les conservateurs font baisser rapidement le pH et le maintiennent bas en produisent rapidement une grande quantité d’acide lactique.
- Les stabilisateurs diminuent les échauffements et les pertes au stockage et au front d’attaque en détruisant les levures et les moisissures.

Certains correcteurs peuvent associer les deux catégories pour plus d’efficacité.

Régis Duchampt devant un de ses silos

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