Dans les prairies, il n’est pas interdit de fumer...

La fertilisation est un élément important de la productivité des prairies. Elle se raisonne avec comme premier principe la couverture des exportations, qui dépendent du mode d’exploitation et des espèces implantées. Mais au fait, qu’exportent-elles exactement ? Pour répondre à cette question, Herbe-actifs est allé à la rencontre d’un spécialiste de la fertilisation des cultures : Marc Lambert, agronome chez Yara.

Les exportations des éléments minéraux majeurs

« Comme toutes les cultures, les prairies, indépendamment de leur nature permanente ou temporaire, ont besoin d’azote, de phosphore, de potasse, de magnésium, de soufre et d’oligo-élements » rappelle Marc Lambert. « Et parce qu’elles peuvent être exploitées en coupe(s) et/ou en pâturage chaque année, les mobilisations d’éléments minéraux des prairies, donc les besoins, sont très variables. »
Le tableau ci-dessous indique par exemple les quantités (kg/ha) de nutriments exportés dans une prairie de fauche intensive.

  N P2O5 K2O MgO CaO SO3
2 coupes 120 45 165 20 68 37
3 coupes
(9 t MS/ha)
190 90 270 40 126 50
3 coupes
(10 t MS/ha)
230 100 320 50 145 65
4-5 coupes
(12 t MS/ha)
360 120 420 60 180 125

Les besoins en azote varient en fonction du mode d’exploitation

L’azote est le moteur de la croissance de l’herbe. Et le besoin varie en fonction du type d’exploitation de la prairie. Le COMIFER a retenu le tableau de l’INRA comme référence pour les teneurs d’exportation d’azote en fonction du mode d’exploitation.

  kg N/t de MS
Pâturage à rotation rapide 30
Pâturage à rotation lente et prairie mixte fauche/pâturage 25
Ensilage 25
Foin précoce et foin de repousse 20
Foin tardif de 1er cycle 15

Les besoins en P2O5 et K2O

« Pratiquer des analyses, soit du sol de ses parcelles, soit d’échantillons d’herbe, pour en connaître la teneur en P et K, est indispensable pour définir la bonne stratégie de fertilisation de ces deux éléments, précise Marc Lambert. On peut regretter que, malgré leur pertinence, les analyses d’indice P et K sur l’herbe soient encore trop peu pratiquées en France. »
Comparé à l’azote, le besoin en phosphore est modéré, mais ne doit pas être limitant pour valoriser l’azote. Un apport au printemps peut améliorer la réponse à la fertilisation azotée même dans des sols correctement pourvus. Dans des prairies anciennes, on sait que le besoin en P est important.
La potasse est absorbée en très grande quantité par la prairie. Les régimes de fauche intensifs exportent de très importantes quantités hors de la parcelle qui doivent être compensées par la fertilisation organique ou minérale. Les régimes de pâturage ont des besoins bien plus limités grâce aux excrétions des animaux qui restituent l’essentiel de la potasse ingérée.
Le tableau ci-contre indique les apports recommandés pour couvrir les besoins des prairies en fonction de leur type d’exploitation.

Les besoins en éléments secondaires

Les éléments secondaires et les oligo-éléments jouent un rôle important, pour la croissance des végétaux et pour la santé des animaux. « Dans de nombreux pays, on voit une systématisation de l’apport de soufre sur prairie car les retombées atmosphériques ont beaucoup diminué et les graminées sont très sensibles à une carence en soufre. » nous dit Marc. Le magnésium est également un élément à surveiller pour éviter tout risque de tétanie d’herbage des ruminants, surtout lors de la mise à l’herbe ; même si par sécurité, cet élément est apporté par des compléments minéraux aux animaux. Le sodium n’est pas important pour la croissance des fourrages, par contre « c’est un élément important pour leur appétence. En Scandinavie, des essais menés par Yara ont montré qu’une herbe enrichie en sodium permet de rallonger les durées de pâturage quotidiennes ainsi que les quantités de MS ingérées. » ajoute M. Lambert.
Ci-dessous, tableau des exportations d’éléments secondaires en fonction du type d’exploitation de la prairie (Comifer 2007).

kg/t MS CaO MgO SO3
Pâturage 8 4 10
Ensilage 8 4 10
Foin 8 4 8

Les besoins en oligo-éléments des prairies doivent également être pris en compte pour maintenir d’une année sur l’autre une nutrition équilibrée en oligoéléments, de la prairie et des animaux. Les oligoéléments les plus importants pour la prairie sont le cuivre, le zinc, le manganèse. Les autres oligo-éléments sont requis à des niveaux plus élevés pour le besoin des animaux que pour la croissance de la prairie. S’il n’y a pas à l’heure actuelle de problématique majeure oligo-élément sur prairie, il convient d'en suivre les évolutions à travers les analyses de sols.

Marc Lambert, agronome chez Yara

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