Appliquer la règle des 200 degrés-jours cumulés pour déclencher le premier apport d’azote

Un apport d’azote minéral ou de lisier, dès les 200°C cumulés (en base 0°C) depuis le 1er janvier, permet de maximiser la production d’une prairie de graminées au premier cycle.

Contrairement aux céréales à paille, il n’existe pas de stade physiologique « repère » permettant de positionner les apports d’azote sur prairies. Le démarrage de la croissance de l’herbe, correspondant à la date optimale d'apport de l'azote, se raisonne en fonction d’une somme de températures en base 0°C depuis le 1er janvier de l’année. Ce critère présente l’avantage de prendre en compte le contexte climatique de l’année et la localisation de la prairie. Des travaux conduits par ARVALIS sur la fertilisation des prairies à base de graminées ont établi qu’un premier apport d’azote (sous forme minérale ou lisier) réalisé à 200°C jours assure une production fourragère de qualité dès le premier cycle de la culture.

C’est le meilleur compromis pour éviter un apport trop tardif, synonyme de ralentissement de la croissance et de moindre production d’herbe au printemps. Il ne doit pas non plus être trop précoce au risque d'engendrer des pertes par volatilisation ou dénitrification. Cette règle des 200°C cumulés s’applique dans toutes les régions. Elle est valable pour une dose appliquée inférieure à 100 kg N/ha et quel que soit le mode d’exploitation (pâturage, ensilage, enrubannage, foin). En prairies installées, les fournitures d’azote par le sol sont globalement faibles en sortie d’hiver. L’apport d’azote à 200°C permet ainsi de faire coïncider une disponibilité suffisante de l’élément pour les plantes dont les besoins sont importants et croissants. Cet indicateur, converti en date à partir des données météo historiques, permet d’établir les périodes optimales pour réaliser le premier apport d’azote sur prairie pour toutes les régions françaises (carte 1). Mais il est nécessaire d’actualiser ce caclul aux conditions de l'année afin de piloter plus finement le déclenchement du premier apport.

Apports d’azote : un raisonnement spécifique aux prairies

Depuis 20 ans, les pratiques de fertilisation azotée sur céréales à paille ont beaucoup évolué : les apports initialement concentrés début montaison se sont progressivement étalés jusqu’à mi-montaison, voire fin montaison. Cette pratique se justifie par la recherche du meilleur compromis rendement en grains / teneur en protéines, qui n’est pas proportionnel à la biomasse produite en début de cycle. Sur prairies, le raisonnement est très différent : l’objectif de la fertilisation azotée est ici de maximiser la production de biomasse. La satisfaction précoce des besoins azotés permet ainsi la croissance maximale de chacune des talles émises. Mais que ce soit pour les céréales ou les prairies, un apport juste avant une période pluvieuse et en conditions favorables à la croissance permet d’en maximiser l’efficacité.

Attention aux conditions de portance

Avant tout apport, il convient bien évidemment de vérifier la réglementation locale en vigueur (Directive Nitrate), en particulier dans les zones précoces.

Il importe également d’être vigilant quant à la portance des sols. Avant tout apport, et notamment de produits organiques résiduaires à l’aide d’équipements lourds, il convient d’observer une période de ressuyage suffisante. 

En conditions ennoyées, l’azote n’étant pas le facteur limitant de la croissance des plantes, la priorité sera donnée au ressuyage.

Enfin, les prévisions météorologiques peuvent constituer une aide au positionnement des apports. En cas de fort gel annoncé, l’apport peut être décalé afin de coïncider davantage avec le redémarrage de la végétation. L’effet d’un décalage de l’apport à 300°C sur le rendement et la qualité reste globalement faible. Un apport au-delà entraine en revanche des pertes de rendement et ce d’autant plus que l’exploitation sera précoce (pâturage, récolte avant épiaison).

Planifier le premier apport d’azote grâce à l’outil Date N’Prairie

Pour calculer une somme de températures base 0, il faut enregistrer chaque jour les températures minimales et maximales sous abri afin de calculer la moyenne journalière, puis additionner les moyennes journalières supérieures à 0°C.

 En valorisant des données météos actualisées tous les jours, Date N’Prairie est un outil qui utilise la règle des 200°C pour apprécier la précocité ou la tardiveté de l’année dans sa région. 

Il s’agit d’un site web accessible gratuitement depuis un smartphone, un ordinateur ou une tablette. Il suffit à l’utilisateur de renseigner son code postal pour obtenir sa date d’apport.

Les calculs sont réalisés à partir des données de la station météo la plus proche fournies par Météo France. Consultez la date prévisionnelle du premier apport d’azote sur prairies de graminées pour votre région grâce à l’outil Date N’Prairie.

Evidemment, le premier apport d’azote sur une prairie devra être réalisé si les conditions de portance le permettent et dans le respect des règles fixées par la Directive Nitrates.

Arvalis - Institut du végétal

Un article Arvalis - Institut du Végétal - Anthony Uijttewaal

Inscription à la newsletter

Votre adresse e-mail ne servira qu'au traitement de votre abonnement à ladite lettre d'information par l'Interprofession des semences et plants. Pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits, cliquez ici.

Les derniers articles d'agronomie

Chauler une prairie n'améliore pas toujours la disponibilité des éléments minéraux

L’apport d’amendements minéraux basiques provoque une augmentation du pHeau. Mais des pratiques excessives de chaulage sont coûteuses et peuvent avoir des conséquences négatives sur la production.

L'analyse de sol ne permet pas de connaître les besoins en P et K d'une prairie permanente

Le phosphore (P) et la potasse (K) sont des éléments majeurs, indispensables à la productivité et la pérennité des prairies. Selon les situations, les besoins en P et K sont variables.

Qu’implique le réchauffement climatique pour nos cultures ?

Hausse des températures, de la teneur en CO2, modification de la pluviométrie, quelles vont en être les conséquences pour les prairies ? Eléments de réponse avec Jean-Louis Durand.

Les derniers articles d'Herb'actifs

Agronomie

Chauler une prairie n'améliore pas toujours la disponibilité des éléments minéraux

Paroles d'éleveurs

Diversifier les ressources fourragères

Agronomie

L'analyse de sol ne permet pas de connaître les besoins en P et K d'une prairie permanente

Des outils pour vos prairies

Le Calculateur de Mélanges Prairiaux

Cette application vous permet de déterminer le peuplement théorique d'une prairie semée à partir d'un sac de mélange, ou bien de composer vous même votre mélange en fonction du type de prairie que vous voulez obtenir.

Vers l'application

Herbe-Book

La catalogue des graminées et légumineuses fourragères inscrites au catalogue des variétés officielles. Sélectionnez les variétés sur des critères d'exploitation, de production, de maladie et de qualité alimentaire pour les comparer.

Vers le catalogue