Que penser de l'aération des prairies. En testant par la Lorraine...
A la station Arvalis-Institut du végétal de St Hilaire en Woëvre (Meuse), on a testé, durant cinq années, l’aération des prairies. Une technique dont les atouts ne sont pas systématiques.
Automne 2006-automne 2011. Cinq campagnes durant lesquelles la station a, pour répondre à la demande des éleveurs lorrains, mené un essai sur l’aération des prairies.
« L’idée étant, précise Didier Deleau, ingénieur régional Fourrages, de définir l’impact de différents outils sur la production d’herbe, en quantité et en qualité ». Plusieurs questions ont été étudiées : la profondeur de travail des outils (de 2-3 cm à 10-12 cm), leur niveau d’agressivité et la période de passage (automne ou printemps). Le site choisi : une prairie naturelle permanente. Chaque année, les techniciens ont réalisé plusieurs mesures : le taux de sol nu, la flore présente, le rendement, les indices de nutrition ainsi que la valeur alimentaire du fourrage récolté.
Pas de gain de productivité
« L’importance du niveau de couverture, évaluée par le taux de sol nu, s’est révélée en moyenne, au terme de cinq années, au mieux égale au témoin et au pire, plus de deux fois supérieure, précise-t-il. Pour la flore, la tendance est au développement de plantes indésirables sur les bandes hersées avec le matériel le plus agressif, avec l’apparition de mousse là où le taux de sol nu est important ». Autre constat : une diminution sensible des "bonnes" graminées (RGA, fétuque) sur les bandes hersées au printemps. En revanche, quel que soit l’outil utilisé, son passage impacte positivement sur le taux de légumineuses (trèfle blanc et lotier notamment). La productivité des prairies a, elle aussi, été mesurée. Résultat : quels que soient l’année et les outils, les rendements sont au mieux identiques au témoin, au pire inférieurs de 20 à 30 %. Ces essais n’ont par ailleurs révélé aucun impact significatif sur les indices de nutrition et sur la valeur alimentaire des fourrages. Des résultats qui corroborent ceux obtenus par deux études précédentes menées dans les Pays-de-Loire (de 2002 à 2005) et dans le Massif Central (de 2002 à 2007). « En effet, si les prairies ne présentent pas de problème particulier, leur aération ne semble apporter aucun bénéfi ce marquant susceptible de compenser le surcoût engendré par le passage de l’outil, voisin de 25 à 30 €/ha, indique Didier Deleau. Une seule exception toutefois : dans l’un des essais des Pays-de-Loire, cette technique s’est avérée bénéfique sur le rendement pour une parcelle fortement dégradée par du piétinement d’arrière-saison. Mais difficile de généraliser cette conclusion. En revanche, l’utilisation d’outils d’entretien classiques permettant d’ébouser, étaupiner voire d’émousser n’est absolument pas remise en cause : elle contribue à la bonne conduite de la prairie ».
Pour les prairies dégradées, pensez au sursemis
Le sursemis permet, à moindre coût, de regarnir ou d’enrichir une prairie dégradée.
« La période et les conditions d’implantation s’avèrent plus importantes que le type de matériel utilisé, indique Didier Deleau. Pour les espèces, privilégier des plantes agressives, comme les ray-grass, qui s’implanteront rapidement ». Autre conseil : faire pâturer les animaux juste après le semis pour favoriser le contact de la graine avec le sol et diminuer la hauteur du couvert, limitant ainsi la concurrence vis-à-vis de la lumière. L’apport d’azote est à éviter la première année : ce dernier risquerait de favoriser les espèces déjà en place. Plus d’infos avec les articles associés au mot clé "sursemis".